Katarina Mazetti, Le mec de la tombe d'à côté
Désirée se rend régulièrement sur la tombe de son mari qui a eu le mauvais goût de mourir trop jeune. Bibliothécaire de métier, et citadine pragmatique, elle vit dans un appartement tout blanc, très tendance. Au cimetière, elle rencontre le mec de la tombe d'à côté, dont l'apparence l'agace autant que la tombe avec sa stèle tape-à-l'œil. Depuis le décès de sa mère, Benny vit seul à la ferme familiale avec ses vingt-quatre vaches laitières. Il s'en sort comme il peut, de façon assez rustique, et grâce à une bonne dose d'humour et d'autodérision. Chaque fois qu'il la rencontre, il s'énerve contre la "Crevette" qui occupe le banc au cimetière avec lui, avec son bonnet de feutre et son petit carnet de poésie. Rien, a priori, ne rapproche ces deux-là, et pourtant, il suffira d'un sourire qui éclate simultanément sur leurs lèvres, pour qu'ils soient tous deux éblouis. C'est le début d'une histoire d'amour assez cocasse. Ils sont tout le contraire l'un de l'autre. Elle ne sait pas cuisiner, il lit tout au plus un livre par an. Elle veut aller à l'opéra, lui doit traire les vaches. Il traîne avec lui une odeur d'étable, elle vit dans un appartement aseptisé. Mais leur passion amoureuse est sans bornes.
J’ai profité des longues et fastidieuses surveillances du brevet pour lire ce roman dont j’avais prévu une lecture commune avec d’autres blogueuses. Il me fallait quelque chose de léger et je suis vraiment bien tombée !
Le mec de la tombe d’à côté, c’est une histoire banale, celle d’une rencontre entre deux personnes que tout oppose : Désirée est une bibliothécaire passionnée qui se rend régulièrement sur la tombe de son défunt mari et ne quitte pas son petit carnet de pensées ; Benny est un agriculteur un peu rustre qui prend soin de la tombe de ses parents quand il n’est pas en train de s’occuper de ses animaux et de son exploitation. Leur point commun : ce cimetière où ils viennent tenir compagnie à leurs morts et où ils se côtoient sans oser, au départ, s’aborder. Jusqu’au jour où un sourire et des mots sont échangés. Désirée et Benny vivent alors une histoire d’amour très forte mais aussi très compliquée. Comment faire face aux différences et surtout comment avancer quand aucun des deux partenaires ne semble prêt à faire de concession ? En effet, elle, citadine et libérée, rêverait d’un homme avec qui parler littérature. Lui, ancré dans sa terre et inspiré par le schéma parental, attend une femme qui évolue à ses côtés et sache préparer les boulettes de viande. Le fossé est grand. Est-il pour autant infranchissable ? Katarina Mazetti nous offre cette jolie métaphore que je ne peux m’empêcher de partager avec vous : « J’eus une brève vision de Benny et moi faisant chacun un pas vers l’autre : Benny assemblait consciencieusement les astres avec du mortier et une truelle, alors que de mon côté j’essayais de sauter d’étoile en étoile comme on saute sur les morceaux de glace qui flottent sur un lac. »
Je vous conseille sans hésiter l’histoire de ses deux amants, pleine de fraîcheur et savoureuse à souhait. Les menus événements, drôles et émouvants, sauront vous détendre et la narration saura vous surprendre : nous sommes en effet invités à suivre tour à tour les pensées des deux personnages. C’est extrêmement intéressant et c’est incontestablement un des points forts du roman.
Le petit plus : les pages roses qui font très fifille, mais avec une telle histoire, c’est très plaisant ! Apparemment, la maison d’édition va passer aux pages vertes ! A voir.
Je cours lire les avis de mes camarades de lecture : Ankya, Manu, Clara, Cynthia, Anjelica.
L’œuvre en quelques mots…
« On est allés dans un restaurant et je n’ai pas la moindre idée de ce qu’on a mangé ou dit. Si, une chose. Quand j’ai voulu payer pour nous deux, elle a dit : « Oui merci, je veux bien. C’est mon anniversaire aujourd’hui, j’ai trente-cinq ans. Ça me fera un cadeau. »
Pour le coup, j’ai compris deux choses.
Elle ne comptait pas avoir d’autres cadeaux.
Et j’étais tombé amoureux d’elle.
Ce n’était pas exactement un déclic. Plutôt comme quand je touche la clôture électrique sans faire gaffe. »