Josef Ladik, Jéricho
Eté 1816. La frégate La Méduse s'échoue au large des côtes africaines. Sur les cent quarante-sept passagers qui vont alors dériver sur un radeau de fortune, seuls quinze survivront à ce véritable enfer. L'un deux est recueilli par une tribu, et fait une découverte qui pourrait bouleverser l'ordre du monde si elle venait à tomber entre de mauvaises mains. Une découverte qui ramène aux sources du monothéisme et du langage. De retour en France, devenu éditeur au Palais Royal, il couche son secret sur un manuscrit qu'il fait disparaître, puis publie le récit du naufrage.
Aujourd'hui. Le Terrible, un sous-marin nucléaire, disparaît au Moyen-Orient. Le groupe terroriste « Jéricho » revendique le détournement et menace l'Etat français. Alors que l'ultimatum approche, des agents secrets sont lâchés dans Paris et un tueur psychopathe rôde alentour. Au Louvre, non loin du Radeau de la Méduse, la célèbre toile de Théodore Géricault, un guide est retrouvé décapité. Le lieutenant Lazare, amateur d'art fraîchement promu à la Brigade criminelle, tient là de quoi faire ses preuves. Comme le lui disait son père, « Lazare, dans la vie, il n'y a pas de hasard ».
Un prologue mystérieux où un narrateur non moins étrange évoque son addiction aux médicaments. Un autre, dénommé Lazare, qui court dans les ruelles de Jéricho. Ainsi débute le roman de Josef Ladik. L’auteur brouille les pistes et nous offre une histoire sous forme de puzzle : le lecteur est baladé à travers les lieux, mais aussi les époques. Tantôt nous suivons un homme prêt à embarquer à bord d’un bateau chargé de missiles, le Terrible, tantôt nous observons un guide dans les dédales du musée du Louvre. Et puis il y a le journal d’Alexandre Corréard rédigé à l’été 1820 et qui fait état du célèbre naufrage du radeau de la Méduse.
Josef Ladik a écrit un roman mêlant faits historiques et terrorisme, dans un style sec dont je ne suis pas très friande d’ordinaire, mais qui colle bien, ici, à la tension véhiculée par l’histoire. Il a par ailleurs brillamment construit ce roman. L’ensemble est donc assez agréable à lire, je dirais que c’est un bon divertissement, même si c’est loin d’être un coup de cœur pour moi. La fin m’a quelque peu perturbée…
L’œuvre en quelques mots…
« Parfois, les mots tournent sans fin dans ma tête. C’est comme si une toupie n’arrêtait jamais.
Penses-tu que la Table y soit pour quelque chose ?
Depuis que je l’ai installée sur l’autel, j’ai la sensation d’entendre les étoiles. Oui, elles ne font pas que briller, elles parlent. Elles me parlent. Elles nous parlent. J’entends des nouveaux mots. Bientôt, je pourrai te les dire. Il faut un peu de temps avant de se faire l’oreille.
J’ai astiqué le compas. Ses pointes sont impeccables. J’ai même graissé l’articulation de ses deux branches. »