Julia Wallach & Pauline Guéna, Dieu était en vacances

Publié le par calypso

 

Née à Paris en juin 1925, de parents polonais, Julia Wallach a dix-sept ans quand elle est arrêtée avec son père sur dénonciation d’une voisine, en 1943, puis déportée de Drancy vers Auschwitz-Birkenau. Julia connaît la faim, le froid, les coups, la maladie et côtoie la mort dans un quotidien défiguré qu’elle nous transmet courageusement.

Vient la marche de la mort à travers la Pologne et l’Allemagne enneigées. Pendant quatre mois, sans plus rien à manger, ils avancent. En avril 1945, avec quelques femmes, Julia trouve encore la force de s’enfuir….

Elle qui a survécu au typhus et aux sélections, aux coups, au froid et à la faim, aux deuils et au chagrin, va pas à pas, reconstruire sa vie, tomber amoureuse et fonder une famille dont les photos magnifiques ornent les murs de cet appartement qu’elle n’a jamais plus quitté. Son livre est le récit d’une longue marche vers la vie, ponctué d’éclats de rire et de colère, drapé, avec une élégance sans faille, dans la force de caractère qui n’a jamais cessé de l’animer.

 

Encore un ouvrage sur la Shoah, oui, encore, mais vous savez à quel point c’est essentiel. Ce que l’on peut dire de ce récit, pour commencer, c’est qu’il aura mis du temps à éclore : Dieu était en vacances a en effet été co-écrit par Julia Wallach et Pauline Guéna, la première, ancienne déportée, étant âgée de 96 ans lors de la parution en 2021. Julia Wallach n’a toutefois jamais tu son histoire : elle a inlassablement témoigné, que ce soit dans les médias ou en milieu scolaire, répondant ainsi à la demande de son père. C’est d’abord son enfance qu’elle nous raconte, une enfance heureuse auprès de ses parents, Marie et Joseph, dont elle nous présente rapidement le parcours et les traits de caractère. Puis vient la déclaration de guerre le 3 septembre 1939 et les événements s’enchaînent : l’entrée des Allemands dans Paris le 14 juin 1940 (le jour même où Julia fêtait ses 15 ans), les rafles successives et les ordonnances restrictives pour la communauté juive, l’arrestation de sa mère, puis sa propre déportation avec son père. Julia passera vingt-cinq mois et trois jours dans le camp d’Auschwitz-Birkenau et survivra aux effroyables marches de la mort. Les nombreuses anecdotes liées aux événements historiques rendent ce témoignage précieux, quand les souvenirs disant l’amour de Julia pour ses parents le rendent bouleversant. Le passage consacré au retour est également très intéressant : il pose notamment la question de la culpabilité, du silence et du pardon.  

 

Un grand merci à Babelio et aux Editions Harper Collins pour cette lecture !  

 

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« J’ai l’impression d’être née millionnaire alors qu’on n’a jamais eu grand-chose, sauf l’amour. » (p.9)

 

« Mes souvenirs du camp, eux-mêmes, s’estompent parfois. Je vieillis. Les noms disparaissent. Il y en a que je connaissais encore la veille et qui me restent aujourd’hui sur le bout de la langue : je les cherche, ils ne reviennent pas. Le prénom d’un ami. Le nom de famille de celui qui m’a sauvée. Il y a des jours où tout s’efface. 

Mais pas la perte. Ni la colère. 

La joie non plus, heureusement, et j’en ai eu de grandes. Je les chéris. » (p.10-11)

 

« Nos enfants sont chargés de ces vies qui n’ont pas été vécues. » (p.11)

 

« Ceux qui montaient dans les camions étaient conduits directement aux chambres à gaz. C’était cette odeur qui planait sur le camp, l’odeur des petits enfants et des vieillards, l’odeur des femmes et des hommes qui avaient voulu s’asseoir. » (p.35)

 

« J’ai retrouvé ma feuille d’entrée, avec mon nom et celui de mon père et de tous ceux du convoi 55, affichée à Birkenau dans le pavillon français. Je me suis souvenue que mon père m’avait dit : « Je ne survivrai pas à ta mère. Mais toi, tu es jeune. Vis, rentre à la maison, et raconte ce qu’on nous a fait. » Alors j’ai commencé à parler. Et je n’ai jamais cessé. » (p.131)

 

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