Antoine Dole, Tout foutre en l'air

Publié le par calypso

 

« Je ne veux pas faire marche arrière, je ne veux pas rentrer à la maison. Ma main serre la sienne plus fort encore quand il me murmure «Vas-y, suis-moi». Et moi, sans rien dire, je suis ses pas dans la nuit noire, nos ombres se confondant dans une ombre plus grande encore. Flaque d'obscurité, comme une nuit liquide. Sauf que j'y vois clair, dans mon cœur il fait jour. »

Lorsqu'elle rencontre Olivier sur internet, elle a enfin le sentiment de pouvoir tout partager avec quelqu'un, jusqu'à ses pensées les plus secrètes. Malgré les mises en garde de ses parents, l'emprise qu'il a sur elle grandit. Au point de s'enfuir avec lui, d'être prête à le suivre n'importe où et jusqu'au bout.

 

Pour ceux qui ne la connaîtraient pas encore, la collection « D’une seule voix » chez Acte Sud invite le lecteur à partager, l’espace d’un court instant, la vie d’un(e) adolescent(e) confronté(e) à un événement qui va faire naître tant chez le personnage que chez le lecteur des émotions fortes. Ces émotions sont partagées par le biais d’un récit à la première personne qui fait du lecteur un témoin compatissant parce que souvent directement concerné par les problématiques soulevées, la cible privilégiée étant, bien évidemment, les adolescents. La brièveté du texte est également une des marques de fabrique de la collection : l’histoire tient en quelques dizaines de pages et la narration vise l’efficacité. Tout foutre en l’air ne déroge pas à ces « règles » : c’est l’histoire d’une jeune fille qui a rencontré sur Internet un jeune homme qui est plus âgé qu’elle de quatre ans ; ensemble, ils se rendent dans un immeuble en chantier où ils ne seront vus de personne. L’appréhension de la jeune fille est accompagné d’un lancinant « On va le faire ce soir », sorte de mantra autopersuasif auquel elle s’accroche comme pour se convaincre que la décision prise est la bonne. Peu à peu, émerge le mal-être de l’adolescente qui laisse finalement assez peu de doute sur le véritable sens de la phrase sus-citée. L’ensemble est bien écrit et expose de manière assez convaincante les hésitations et les peurs de la narratrice, on sent véritablement l’urgence de la situation. La prise de conscience du personnage est cependant peut-être un peu rapide… mais il est certain que le format plaira aux adolescents.

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« Est-ce que j’en ai vraiment envie ? Toutes ces choses qu’on dit qu’on fera, et qu’on ne fait jamais. Nouvelle coiffure. Se mettre au sport. Réviser les cours. Prendre de l’avance. Vivre. Lâcher son téléphone. Se foutre en l’air

Se foutre en l’air.

Tout foutre en l’air. » (p.27)

 

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