Antoine Dole, Six pieds sur terre

Publié le par calypso

 

Sans le savoir, Camille et Jérémy marchent l’un vers l’autre depuis leur naissance. Devenus adultes, ils s’aiment sans parvenir à être heureux ensemble, Jérémy s’efforçant de cacher à Camille les ombres qui le hantent.

Le jour où Camille lui confie le désir de porter leur enfant, Jérémy ne parvient plus à tenir debout face aux possibles sur le point de s’écrire. La perspective de devenir père convoque lentement toutes les morts, car comment donner la vie quand on peine soi-même à trouver sa place parmi les vivants ?

 

Je ne le fais que très rarement mais j’ai lu des critiques au cours de ma lecture. J’étais plus ou moins convaincue par certaines car en désaccord avec les propos tenus, mais je comprends vraiment, maintenant que j’ai terminé Six pieds sur terre, que ce roman ne pourra pas plaire à tout le monde. Par son style, très imagé, par son ton, trop sombre. Mais puisqu’il est question ici de dire ce que j’en ai pensé, voici : ce que j’ai lu, moi, dans ces pages écrites par Antoine Dole, c’est l’expression d’une détresse pure qui prend aux tripes parce qu’elle est réelle. Cette détresse est violente, elle envahit tout à l’image de cette tache sur le plafond de l’appartement  de Camille et Jérémy. C’est une détresse qui ne s’apaise pas et ne peut s’apaiser. Le personnage ne s’y complaît pas, il ne peut simplement pas s’en extraire. Il reste englué dans le traumatisme qu’il a vécu enfant et ne peut construire sa vie d’adulte. C’est profondément triste, et c'est profondément beau, cet attachement absolu à celle qui a été perdue, et c’est profondément difficile aussi pour le lecteur d’être confronté à cette dépression qui ne lui laisse pas la possibilité de reprendre son souffle. Impossible de ne pas être dans l’empathie. Alors, on souffre avec Jérémy. Et on espère aussi, car oui, elle est bien présente, cette lueur d’espoir, annoncée en réalité dès le titre. Les mots d’Antoine Dole sont des flèches qui vous transpercent le cœur, son style est fulgurant et sa sincérité incontestable. Un grand auteur.

Je remercie chaleureusement Babelio et les Editions Robert Laffont pour cette lecture !

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« Tout ce temps près de sa mère, à l’aimer, à courir vers elle, à la célébrer, il n’avait fait que bâtir ce manque qu’il ressent à présent, le seul endroit possible à habiter. » (p.48)

 

« C’est pas si difficile, mourir. Oui, c’est vivre qui réclame un effort. S’accrocher, faire bonne figure, mentir aux autres, se tenir là, au milieu d’eux, droit et le souffle clair, sans suffocation, sans soupir. Sans donner l’impression de trouver ça pesant, les sourires vides qu’il faut redessiner sans cesse, tous ces masques à lustrer pour qu’ils soient beaux et brillants. » (p.210)

 

« L’énergie que ça demande de vivre,

quand tout de soi veut s’arrêter,

les gens comprennent à présent. » (p.240)

 

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