Laurent Mauvignier, Loin d'eux
Lorsque Luc est parti, ses parents, Jean et Marthe, ont pensé que c'était mieux pour eux trois. Gilbert et Geneviève, son oncle et sa tante, eux aussi ils y ont cru. Mais pas Céline, sa cousine.
Elle, c'est la seule qui n'a pas été surprise, la seule à avoir craint que ce qui en Luc les menaçait tous finisse par s'abattre sur eux.
Bon, il est vrai que j'ai beaucoup de travail en ce moment, ce qui m'empêche de consacrer beaucoup de temps à la lecture. Mais tout de même, je pense que si j'avais vraiment adoré ce bouquin, j'aurais pu aller beaucoup plus vite car il est assez court.
Ce qui fait l'originalité de Loin d'eux, c'est sa composition : une succession de monologues intérieurs qui permettent au lecteur de découvrir l'histoire au gré des souvenirs des personnages. L'utilisation du monologue intérieur s'explique par le sujet développé dans le roman : le poids des mots et du silence, les problèmes de communication au sein des familles. A aucun moment les personnages ne communiqueront directement entre eux, seul le lecteur sera spectateur de leurs souffrances.
Ce n'est pas tant cette mise en scène qui m'a gênée que les longueurs qu'elle a engendrées. Aussi court soit-il, le texte m'a semblé long et les monologues répétitifs, d'autant plus qu'on devine très vite ce qui va se produire.
L'oeuvre en quelques mots...
« C’est pas comme un bijou, mais ça se porte aussi, un secret. »
« Les lendemains, jamais que des aujourd’hui à répétition. »
« Nous quatre ce jour-là, arrachés au bruit du monde. Nous quatre ce jour-là, cloués par ça : Luc, lui, il n’a pas comme Céline trouvé la voix qui lui aurait dit : les autres pays. Nous quatre ce jour-là on s’était levés comme d’habitude, et la journée comme les autres suivait son cours comme on dit, suivait sa route et tranquillement sa route allait vers l’heure de ce point où la vie plus jamais ne serait la même. Un silence d’éternité pour chacun de nous, en une seconde, le trente et un mai quatre-vingt-quinze, à seize heures. »
« […] cette fois pour lui c’était peut-être temps d’en finir avec son mutisme, ses yeux à force de fermer qui niaient le silence, et l’envie si forte de se taire qui devenait bruyante. »
« […] Luc, que dirais-tu de nous voir toutes les deux ici, hein, tu y croirais mieux encore, à ton rêve, et tu le redirais encore plus fier, scintillant, ton rêve de nous voir tous un jour avec les mêmes mots, oh oui tu dirais, qu’on ait tous les mêmes mots et qu’un jour entre nous comme un seul regard ils circulent. »