Julie Printzac, Guetter l'aurore

Publié le par calypso

 

Été 1941. Les Brodsky, juifs, ont fui la zone occupée et la menace nazie pour se réfugier dans le sud de la France. Rattrapés par les nouvelles lois de Vichy, ils se retrouvent en résidence forcée au pied des Pyrénées, dans une grande demeure délabrée.

Peu à peu, la vie s'organise. Esther, l'aînée des enfants, rencontre Clara. L'heure est à l'adolescence, aux premiers émois et aux grandes amitiés. C'est également le temps de l'engagement dans la Résistance, des luttes pour survivre, mais aussi des rafles. Dans la tourmente, Esther et Clara font tout pour rester maîtresses de leur destin. C'est compter sans la brutalité de l'Histoire...

 

Lecture n°6 dans le cadre du Grand Prix des Lecteurs Pocket – Sélection Littérature française.

 

L’histoire se déroule sur deux temporalités. Nous suivons d’un côté Deborah qui a quitté l’Italie suite à une rupture amoureuse et s’est réfugiée chez sa mère Jeanne à Meudon. Celle-ci ne vit pas seule, elle a accueilli Esther, la grand-mère de Deborah, cette dernière n’étant plus en mesure de vivre seule. Entre divagations apparentes et résurgences de souvenirs, Esther semble souvent absente, elle qui a tu toute sa vie un passé sombre et douloureux. C’est ce passé qui constitue la seconde temporalité : plongés au cœur de l’année 1941 dès le deuxième chapitre, nous découvrons peu à peu l’histoire d’Esther qui n’est alors qu’une adolescente qui ne demande qu’à vivre pleinement les amitiés passionnées et les premiers émois qui s’offrent à elle. Mais Esther Brodsky est juive et le cocon protecteur que constitue Pamiers, en Ariège, où sa famille s’est réfugiée après avoir fui Paris, n’est bientôt plus très sûr : tous les juifs exilés sont encouragés à quitter la ville. Les Brodsky sont relogés à Saint-Girons et chaque membre de la famille va alors tenter de faire face à l’Histoire, avec ses propres armes…

J’ai lu beaucoup sur la Seconde Guerre mondiale et je continuerai à le faire. Toujours avide de découvrir de nouveaux témoignages mais aussi de me plonger dans des œuvres de fiction, je sais que je deviens exigeante quant à ces dernières. De fait, si Guetter l’aurore a été une bonne lecture, je ne peux pas dire pour autant que j’ai été émue voire bouleversée comme je l’ai été avec d’autres titres. Il m’a manqué un petit quelque chose… J’ai notamment trouvé la fin un peu trop rapide et je m’interroge sur l’efficacité réelle de cette double temporalité. Le présent n’est, à mon avis, qu’un prétexte pour lancer l’histoire et je n’ai pas senti qu’il était essentiel de s’y attarder. J’ai cependant beaucoup apprécié que l’histoire se déroule en Ariège et mette en lumière ces deux attitudes antithétiques que sont la résistance et la collaboration. À tester peut-être auprès des adolescents de la même tranche d’âge qu’une grande partie des personnages…

 

  

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« Un cri déchire la nuit et la réveille en sursaut. La voix de Leah, sa mère, les appelle.

- Les enfants, debout, tout de suite ! On part. Maintenant !

Esther se redresse brusquement et jette des regards désorientés autour d’elle. Son cœur s’emballe. Elle bondit hors de son lit, affolée, incapable de se rappeler ce qu’elle doit faire. Dans ces moments de frayeur et d’angoisse, elle ne parvient plus à réfléchir ni à agir. Pourtant, tout ce qu’elle doit faire, c’est quitter sa maison, ce lieu qu’elle croyait son refuge. » (p.13)

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