Anthony Doerr, La Cité des nuages et des oiseaux

Publié le par calypso

 

Avez-vous jamais lu un livre capable de vous transporter dans d'autres mondes et à d'autres époques, si fascinant que la seule chose qui compte est de continuer à en tourner les pages ?

Le roman d'Anthony Doerr nous entraîne de la Constantinople du XVe siècle jusqu'à un futur lointain où l'humanité joue sa survie à bord d'un étrange vaisseau spatial, en passant par l'Amérique des années 1950 à nos jours. Tous ses personnages ont vu leur destin bouleversé par La Cité des nuages et des oiseaux, un mystérieux texte de la Grèce antique qui célèbre le pouvoir de l'écrit et de l'imaginaire.

Et si seule la littérature pouvait nous sauver ?

 

Je ne connaissais pas Anthony Doerr avant de m’atteler à la lecture de La Cité des nuages et des oiseaux : j’ai découvert un incroyable conteur, maîtrisant à la perfection la construction de son roman, et quel roman ! Une plongée de presque 700 pages dans des univers très différents, un va-et-vient intrigant entre des époques variées, un kaléidoscope de descriptions et de portraits, sans doute une expérience tout à fait unique dans cette rentrée littéraire de septembre ! À ceux qui craindraient ce roman dense et foisonnant : sachez qu’il se lit très facilement et qu’il n’est jamais confus. Bien sûr, il pourrait déstabiliser ceux qui tenteraient d’y coller une étiquette car il est tout simplement inclassable : certains passages tendent vers la science-fiction quand d’autres relèvent davantage du genre historique. Mais ce qui compte c’est l’unité : de Zeno, le professeur-traducteur passionné par la langue grecque, à Anna, la jeune brodeuse de Constantinople, en passant par Konstance qui n’a jamais connu que le vaisseau spatial dans lequel elle vit, tous les personnages de ce roman sont liés par un manuscrit prétendument écrit des siècles plus tôt par Antoine Diogène. Petit à petit, les éléments se superposent, les destins s’entrecroisent et tout prend un sens. L’œuvre protéiforme devient un beau roman choral. Un roman qui rend hommage à la littérature, à son caractère intemporel et fédérateur.

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« " Mais les livres meurent, de la même manière que les humains. Ils succombent aux incendies ou aux inondations, à la morsure des vers ou aux caprices des tyrans. Si personne ne se soucie de les conserver, ils disparaissent de ce monde. Et quand un livre disparaît, la mémoire connaît une seconde mort. " » (p.65)

 

« " Mon enfant, chacun de ces livres est un portail, une ouverture qui te donne accès à un autre lieu, à une autre époque. Tu as toute la vie devant toi, et ils ne te feront jamais défaut. Cela devrait suffire, tu ne crois pas ? " » (p.242)

 

« Le passé grec lui fait littéralement tourner la tête, parce qu’il sème la confusion parmi les verbes. Et rien n’est pire que l’aoriste qui, dépourvu de toute valeur de durée, lui donne envie de se réfugier au fond d’un placard et de se rouler en boule dans le noir. Il y a tout de même de beaux moments, quelques heures où, tandis qu’il s’acharne sur ces vieux textes, les mots s’effacent pour laisser les images venir à lui à travers les siècles : des navires débordant de soldats en armure ; la mer pailletée de lumière ; les voix des dieux portées par le vent. Il a un peu l’impression d’avoir de nouveau six ans, et de se trouver simultanément devant la cheminée auprès des jumelles Cunningham et en compagnie d’Ulysse perdu au large de la Schérie, avec le fracas des vagues heurtant les rochers. » (p.528)

 

 

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K
Je veux, je veux je veux. Bon, j'ai en anglais, mais il est beau, en français!
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C
C'est vrai qu'elle est belle, cette couverture !