Lili Keller-Rosenberg, Et nous sommes revenus seuls

Publié le par calypso

 

Revenue seule des camps de la mort avec ses deux petits frères, c'est avec ses yeux d'enfant que Lili revit chaque jour les longs mois de survie au cœur de la barbarie nazie.

« Quand nous sommes revenus, nous ne pouvions parler à personne de cet enfer, de ces souffrances quotidiennes, de cette vie de bêtes battues que nous avions menée pendant près de deux ans dans une inhumanité indigne et impardonnable. Nous étions traumatisés et nous nous taisions... Puis j'ai beaucoup réfléchi : afin que la vie ait un sens après ce passé ignominieux, il me fallait témoigner pour révéler à tous, au monde, cette tragédie à nulle autre pareille. »

 

Il y a beaucoup à lire sur le sujet et je compte poursuivre encore longtemps car chaque témoignage est unique et mérite d’être lu. Le devoir de mémoire est trop important et passe, entre autres, par la littérature. Dans Et nous sommes revenus seuls, Lili Keller-Rosenberg livre son expérience de la déportation en mettant en avant ses émotions d’enfant et sans chercher à livrer pléthore d’informations. Cela en fait une œuvre simple et accessible, qui pourra compléter les connaissances de ceux qui en savent déjà beaucoup sur le sujet et qui n’effraiera pas, en même temps, les lecteurs moins aguerris ou plus jeunes. Je retiendrai deux éléments en particulier de ce témoignage. D’une part, la figure maternelle, solaire et aimante, celle de Charlotte, la mère de Lili, qui a tout fait pour protéger et redonner du courage à ses enfants, même quand elle était à bout de forces. D’autre part, la volonté tenace de Lili de faire entendre sa voix, celle de la petite fille de 11 ans qu’elle était mais aussi celle de la dame expérimentée qu’elle est devenue et qui a eu le temps de laisser mûrir un témoignage qu’elle a livré à plus de quatre-vingts ans. Dans les dernières pages notamment, elle insiste sur l’importance de raconter et, on y revient, sur la nécessité du devoir de mémoire. Ce sont des pages poignantes, comme l’ensemble du récit.  

Je remercie Babelio et les Editions Pocket pour cette lecture ! 

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« Nous n’avons rien vu venir, nous n’avons rien deviné, tout à notre enfance bénie, choyée. Nos parents, pour nous protéger, ont préservé notre insouciance tant qu’ils l’ont pu. » (p.23)

 

« Il y a beaucoup de choses que j’apprendrai ou comprendrai plus tard, car maman nous cache tant qu’elle le peut les faits terrifiants de notre vie là-bas, les monstruosités, l’inhumanité. Avec mes yeux d’enfant, je ne perçois pas toujours toute la réalité du camp ni sa perversité. La mienne, de réalité, est limitée à un enfermement sinistre rythmé par l’épouillage, une attente interminable, une angoisse irrépressible et un lent déclin physique. Je n’ai plus rien d’une enfant. Je ne sais plus ce qu’est l’enfance. » (p.64)

 

« Maman a été notre guide, notre soutien, notre refuge, notre modèle.

Elle a su nous protéger, nous aimer par-dessus tout.

Notre mère nous a portés deux fois. Elle nous a donné deux fois la vie.

L’amour d’une mère est incommensurable. » (p.98)

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