Catherine Grive, C'est beau de mentir
Lucile a un secret.
Enfin, mille secrets accumulés au fil des années : non, elle n'habite pas au quatrième étage de ce luxueux immeuble parisien ; non, ce n'est pas du Moët & Chandon dans la bouteille ; non, sa mère n'est pas morte ; non, sa robe n'est pas de haute-couture.
Et parce qu'elle maîtrise l'art du mensonge à la perfection, elle va fêter ses quinze ans avec ses riches amis du lycée, dans une phénoménale mise en scène.
Tout est bordé. Ce soir, ce sera elle la star.
Destiné aux adolescents, C’est beau de mentir est un roman qui met en scène Lucile, une jeune fille de 15 ans qui ment comme elle respire. Avec elle, cette expression prend vraiment tout son sens car elle est tout sauf une menteuse occasionnelle : le mensonge est son quotidien et lui est vital. En s’inventant une vie qui n’est pas la sienne et en taisant certains aspects de sa réalité, elle espère se fondre dans la masse et s’attirer l’amitié de ses camarades de classe, bien plus aisés qu’elle. Le jour de son anniversaire, alors qu’elle les a invités dans un appartement qui n’est pas le sien, Lucile se retrouve coincée dans l’ascenseur de l’immeuble. Les techniciens mettent du temps à intervenir et c’est l’occasion pour elle de se livrer à une introspection au cours de laquelle le lecteur comprend que la jeune fille cherche moins à impressionner les autres qu’à se protéger elle-même…
Catherine Grive signe ici un roman d’environ 170 pages et il n’en aurait pas fallu plus : la très grande majorité de l’histoire est en effet consacrée à l’attente du personnage principal dans l’ascenseur. L’ensemble se lit rapidement et avec plaisir car le personnage de Lucile est sympathique et attachant, c’est néanmoins le seul qui ait une épaisseur dans le roman, les autres personnages n’étant présentés qu’à travers son point de vue. C’est un texte bien écrit et qui aborde d’une manière plutôt originale la question de la famille et du bonheur. Cependant, je reste un peu mitigée concernant la fin du roman qui, à mon sens, s’essouffle un peu et je ne suis pas certaine de me rappeler longtemps de l’histoire…
L’œuvre en quelques mots…
« Moi, de mentir, je n'en retire ni culpabilité ni gloire, seulement un plaisir incroyable. Mais alors, quel boulot ! Ceux qui disent ne pas mentir parce que c'est mal, en vérité, c'est par paresse. Il faut savoir observer les détails, retenir au mot près les phrases qui sont dites et par qui, se mettre à la place de l'autre pour anticiper ce qu'il veut entendre. Il faut être capable de repérer ceux qui pourraient vous trahir, les sceptiques, ceux qui doutent de tout, même que la Terre serait ronde, et vous harcèlent de questions. Il faut rester constamment en alerte, conscient des risques pour pouvoir rebondir afin de ne jamais laisser de place au doute chez l'autre. Le doute, c'est l'antichambre de la vérité et la vérité, c'est la chute. » (p.45)