Claude Gutman, La Maison vide

Publié le par calypso

 

16 juillet 1942, David les a vus, son père et sa mère, leur valise à la main, entre deux policiers. Il les a attendus longtemps, longtemps... Lui, il dormait chez les voisins depuis des mois. C'est pour cela qu'il n'avait pas été emmené. 1944... David a 15 ans, il est vivant. Il est rempli de douleur et de rage, et surtout habité par toutes ces voix contradictoires : « Tu es juif, tu es comme tout le monde, tu es français ; on est seul, on n'est jamais seul ». Il écrit pour comprendre.

 

Ce roman de Claude Gutman est le premier tome d’une trilogie, ce que j’ignorais en commençant ma lecture. L’impression d’incomplétude qui traverse les dernières pages est donc tout à fait justifiée. La Maison vide présente l’avantage de se lire vite et de présenter, sans s’encombrer d’un trop lourd bagage historique, l’histoire d’un adolescent juif brusquement privé de ses parents. Ce qui fait la force du roman, c’est qu’il raconte lui-même cette perte, l’avant – le pogrom évité en Pologne, l’enfance à Paris – et l’après avec ses rencontres et ses nouvelles déchirures. Son point faible, c’est que David ne livre pas un récit organisé des faits mais lance un cri du cœur, un cri de désespoir, le roman est donc parfois confus bien qu’en accord avec les émotions multiples qui animent le personnage-narrateur. C’est un roman à faire découvrir, notamment aux petits lecteurs en quête d’ouvrages relativement courts évoquant la Seconde Guerre Mondiale.

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« Mais qu'est-ce qu'on avait fait pour mériter ça ? Qui peut me le dire ? Je suis tout seul dans cette immense maison, presque un château ; seul le silence me répond. Oui, nous étions juifs. Quel mal à ça ? Juifs même pas religieux. Presque pas juifs du tout. Jamais de ma vie, je n'ai mis les pieds dans une synagogue. Papa et maman s'étaient mariés à la mairie de Montreuil. Dieu, si tu existes, je ne crois pas en toi. Je te hais. Je te maudis. Je te méprise. Je te crache à la gueule. J'en ai marre, marre. Je voudrais mourir, crever ici jusqu'à ce que tu me répondes. Je voudrais que tu voies comme ça saigne dans mon corps pour que tu répondes d'un mot, d'un signe. Pourquoi ? » (p.47)

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M
Un roman poignant que j'ai lu il y a des années et que je faisais lire aussi aux élèves quand je travaillais encore. J'ai lu aussi les deux suivants, "L'hôtel du retour" et "Rue de Paris". Ce sont les deux premiers qui m'ont le plus marqué. Cet auteur jeunesse peut être lu à tous les âges de la vie je trouve. Merci pour ce partage, car tu me donnes envie de les relire
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C
Je vais moi-même le proposer à mes élèves. Merci pour ta visite !