Sylvie Germain, Magnus
« D'un homme à la mémoire lacunaire, longtemps plombée de mensonges puis gauchie par le temps, hantée d'incertitudes, et un jour soudainement portée à incandescence, quelle histoire peut-on écrire ? »
Franz-Georg, le héros de Magnus, est né avant la guerre en Allemagne. De son enfance, «il ne lui reste aucun souvenir, sa mémoire est aussi vide qu'au jour de sa naissance ». Il lui faut tout réapprendre, ou plutôt désapprendre ce passé qu'on lui inventé et dont le seul témoin est un ours en peluche à l'oreille roussie : Magnus.
Dense, troublante, cette quête d'identité a la beauté du conte et porte le poids implacable de l'Histoire. Elle s'inscrit au cœur d'une œuvre impressionnante de force et de cohérence qui fait de Sylvie Germain un des écrivains majeurs de notre temps.
Dans ce roman, vous ne trouverez pas de chapitres mais des fragments. Fragments d’une vie, fragments d’une mémoire, celle d’un homme prénommé Franz-Georg qui tente de reconstituer le puzzle de son passé pour vivre, enfin, son présent. Mais comment se reconstruire quand même les éléments de ce passé n’ont été que mensonges et qu’ils dissimulent l’horreur ?
Pour tout recommencer, il faut se créer une identité et se donner un nom. Pourquoi pas celui de cet ours en peluche qui ne quitte pas Franz-Georg, Magnus ? Et vivre, c’est aussi aimer. Deux femmes vont croiser ou recroiser la route de Magnus et contribuer à sa reconstruction. Mais parfois la vie est injuste et le passé refait surface, et les êtres chers s’envolent en « cendres blêmes solubles dans le vent ». Alors, il faut tout recommencer, encore, prendre un nouveau départ…
Je dois reconnaitre que j’ai pris beaucoup de plaisir à lire Magnus. Les livres ne me plaisent pas toujours pour les mêmes raisons : la plupart du temps, bien sûr, il faut que l’histoire m'intéresse, me captive, et même si le style n’est pas à la hauteur, ça peut quand même fonctionner. Parfois, c’est le style de l’auteur qui donne toute sa force au livre et même si l’histoire ne me convainc pas complètement, je peux quand même garder un bon souvenir du livre. L’histoire de Magnus m’a plu, de même que la construction : les « fragments » alternent en effet avec divers courts chapitres intitulés « notule », « séquence », « écho » ou encore « éphémérides ». Mais je dois reconnaître que, pour le coup, c'est surtout le style de Sylvie Germain qui m'a marquée et touchée. J'ai bien envie de réitérer l'expérience et j'ai déjà inscrit sur ma LAL Le Livre des nuits.
Bon, jusqu’à présent je ne savais pas bien comment vous renvoyer aux articles des mes camarades blogueurs/ses… mais je crois avoir trouvé la fonction avec Google Reader. Mais je ne trouve parmi mes sites favoris que deux articles sur Magnus, cela m’étonne ! Je n'ai sans doute pas encore compris toutes les subtilités de Google Reader… Si vous avez publié un article sur Magnus, n’hésitez pas à mettre le lien en commentaire !
Je vous invite à lire les avis de Karine :) et de Fleur.
L’œuvre en quelques mots…
« Ecrire, c’est descendre dans la fosse du souffleur pour apprendre à écouter la langue respirer là où elle se tait, entre les mots, autour des mots, parfois au cœur des mots. »
« Ils ne se parlent pas, n’ont plus rien à se dire, ou trop à se dire, c’est pareil en cet instant. Ils sont bien, là, comme ça blottis l’un contre l’autre, hors temps, hors désir, dans le nu de l’amour. Leur complicité n’a jamais été si dense, si vaste, si lumineuse. Ils sont dans l’absolu de la confiance, de l’abandon de soi à l’autre, de l’oubli de soi dans l’étonnement. Jamais ils ne se sont sentis aussi présents l’un à l’autre, aussi présents au monde – mais sur son seuil, non plus en son plein. »
« Il est des fois des personnages en errance qui n’en finissent pas de déambuler dans la nuit du réel, et qui transhument d’un récit vers un autre, sans cesse en quête d’un vocable qui enfin les ferait pleinement naître à la vie, fût-ce au prix de leur mort.
Il serait une fois des personnages qui se rencontreraient à la croisée d’histoires en dérive, d’histoires en désir de nouvelles histoires, encore et toujours. »