Azouz Begag, Le gone du Chaâba
Le Chaâba ? Un bidonville près de Lyon... Un amas de baraques en bois, trop vite bâties par ces immigrants qui ont fui la misère algérienne. Les éclats de rire des enfants résonnent dès le lever du soleil. Les « gones » se lavent à l'eau du puits et font leurs devoirs à même la terre. Mais chaque matin, ils enfilent leurs souliers pour se rendre à l'école avec les autres... Là, de nouveaux horizons apparaissent : un monde de connaissances, de rêves et d'espoirs.
Cela faisait un petit bout de temps que je m'étais promis de lire ce livre d'Azouz Begag. Je ne regrette pas.
Le regard porté par l'auteur sur son enfance est à la fois tendre et drôle, tout en étant réaliste : aucun parti pris pour l'un ou l'autre des deux mondes auquel doit faire face le jeune écolier dont nous suivons l'histoire. D'un côté, le Chaâba, ce bidonville dans lequel se sont regroupées les familles d'immigrants, avec ses rituels, ses joies, ses faiblesses. De l'autre, le monde qui s'ouvre au jeune Azouz, celui dans lequel, lui, le petit arabe « né à Lyon » comme il se plait à le rappeler, veut avoir sa chance, comme les autres, et réussir.
Le gone du Chaâba, c'est l'histoire d'un enfant pour qui la fatalité n'existe pas et qui a compris que le travail rend tout possible, un fils qui fait la fierté de son père en ramenant une bonne note à la maison et qui voit, grâce, entre autres, à la confiance que lui portent deux professeurs, des portes s'ouvrir devant lui.
J'ai tout aimé, des petits détails sur la vie au Chaâba au parler bouzidien...
En résumé, un livre très agréable à lire !
L'oeuvre en quelques mots...
« Dès que nous avons pénétré dans la salle, je me suis installé au premier rang, juste sous le nez du maître. Celui qui était là avant n'a pas demandé son reste. Il est allé droit au fond occuper ma place désormais vacante.
Le maître m'a jeté un regard surpris. Je le comprends. Je vais lui montrer que je peux être parmi les plus obéissants, parmi ceux qui tiennent leur carnet du jour le plus proprement, parmi ceux dont les mains et les ongles ne laissent pas filtrer la moindre trace de crasse, parmi les plus actifs en cours.
- Nous sommes tous descendants de Vercingétorix !
- Oui, maître !
- Notre pays, la France, a une superficie de...
- Oui, maître !
Le maître a toujours raison. S'il dit que nous sommes tous des descendants des Gaulois, c'est qu'il a raison, et tant pis si chez moi nous n'avons pas les mêmes moustaches. »