Film : Elle s'appelait Sarah
Chose promise, chose due ! Puisque j’ai eu la chance de voir Elle s’appelait Sarah en avant-première, je ne résiste pas à l’envie de vous livrer mes impressions sur cette adaptation très réussie du réalisateur Gilles Paquet-Brenner, présent à l’issue de la projection.
Si vous avez aimé le roman, je ne doute pas que vous aimerez le film. Comme dans le roman, les passages se déroulant à l’époque contemporaine m’ont moins impressionnée que ceux se déroulant en 1942, mais cela tient quand même la route car le choix des acteurs a été très judicieux. Mise à part Kristin Scott Thomas, il n’y a pas de grosses têtes d’affiche. Le réalisateur a délibérément porté son choix sur des comédiens évoluant d’ordinaire sur les planches plutôt que derrière les caméras. Quant au choix de l’actrice pour incarner Julia, Gilles Paquet-Brunner a avoué que Kristin Scott Thomas était pour lui une évidence, son formidable jeu d’actrice n’y est pas pour rien, de même que sa maîtrise parfaite de la langue française. Petit scoop : si l’actrice avait refusé la proposition, le réalisateur se serait sans doute tourné vers Jodie Foster. Le talent des différents acteurs éclate à l’écran : Michel Duchaussoy est très convaincant dans le rôle du beau-père détenteur d’un lourd secret, Niels Arestrup et Dominique Frot, les Dufaure, excellent dans leur rôle. Kristin Scott Thomas est parfaite dans le rôle de Julia (elle m’a un peu moins énervée que dans le roman). Gilles Paquet-Brenner a dit à son sujet qu’elle a la capacité de transmettre « beaucoup d’émotion avec une économie de moyens », et c’est vrai. Il nous a par ailleurs confié qu’elle avait abordé son rôle « avec beaucoup d’humilité ». Mais la palme du talent revient à une, ou plutôt deux actrices. Mélusine Mayance, qui incarne Sarah enfant, est absolument incroyable. J’ai beaucoup aimé les mots du réalisateur à son sujet : « une actrice dans le corps d’une petite fille ». Difficile de croire que la petite fille espiègle et souriante des premières secondes du film est la même que celle qui parvient à s’échapper du camp, affaiblie, terrorisée, mais non moins déterminée à retrouver son frère. La transformation est incroyable. Charlotte Poutrel, elle, incarne Sarah adulte. Gilles Paquet-Brenner a offert un magnifique rôle à cette belle inconnue qu’il a trouvée, tenez-vous bien, sur Facebook… C’est un rôle muet mais la charge émotionnelle véhiculée par l’actrice est extrêmement forte. J’attends d’ailleurs avec impatience vos avis sur ces deux actrices en herbe tant elles m’ont bluffée.
L’ensemble du film est sublimé par une très belle bande son et par des images à couper le souffle. Trois passages m’ont particulièrement marquée et sont, à mon sens, visuellement très forts. La scène d’évasion de Sarah est magistrale : deux petites filles courant dans les champs, des couleurs chatoyantes qui rompent avec celles, plus sombres, des scènes précédentes, le tout accompagné d’une sublime musique. La scène du retour de Sarah dans l’appartement parisien est également très forte tant elle est terrible. C’est un moment affreux pour le personnage et pour le spectateur qui a lu le livre car tout ce qui précède tend irrésistiblement vers cette scène. On l’attend, on sait qu’elle va arriver et pourtant c’est un grand choc lorsqu’elle se présente devant nos yeux. Enfin, j’ai dans la tête depuis la projection cette image de Sarah, plus âgée, marchant sur le sable, portant sur ses épaules le poids terrible du passé, le regard perdu et désespéré. Toute la solitude du personnage éclate dans cette scène et ne cessera d’envahir l’écran à chacune des apparitions de Sarah.
Tatiana de Rosnay a, paraît-il, beaucoup apprécié le film, alors n’hésitez pas à aller le voir dès le 13 octobre !