Toni Hill, L’Été des jouets morts
Lors d’une enquête sur un trafic de femmes, l’inspecteur Héctor Salgado pète les plombs et passe à tabac un suspect. Après s’être tenu à carreau pendant un certain temps, son chef lui propose d’enquêter de manière officieuse sur une mort accidentelle : un étudiant est tombé d’un balcon dans un des quartiers les plus chics de Barcelone. En remontant le fil de son enquête, Salgado se rend compte que cette mort était tout sauf accidentelle : les amis de l’ado sont soit trop paranos soit étrangement calmes. Héctor suit une piste qui va lui faire découvrir les dessous sordides de la bonne société barcelonaise, où il devra affronter des criminels dangereux, des secrets enfouis et, bien sûr, son propre passé. Mais Héctor adore la pression, et ne vit que pour ce genre d’affaire : sombre, violente, apparemment insoluble.
Pendant quelques semaines, Héctor Salgado a été mis à l’écart à l’étranger par son supérieur, après avoir violemment malmené un homme soupçonné d’être impliqué dans une affaire de trafic de femmes. A son retour à Barcelone, le policier, qui a pourtant été confronté au pire au cours de ses années d’exercice, est loin d’être rassuré : il semblerait qu’il n’en ait pas encore fini avec cette histoire qui a failli lui coûter sa carrière. En effet, il reçoit des messages qui menacent clairement son entourage et le suspect de son ancienne affaire a mystérieusement disparu. Parallèlement, une enquête est ouverte sur la mort d’un jeune homme issu des beaux quartiers barcelonais. En apparence, il s’agit d’un suicide, mais les réactions de ses amis proches laissent planer un doute…
L’été des jouets morts est un roman qui m’a séduite au départ par son titre énigmatique et l’illustration de sa première de couverture. Je me doutais que j’allais passer un bon moment, et je ne me suis pas trompée. Je n’y ai pas forcément retrouvé tous les éléments qui me plaisent dans un roman policier, mais je l’ai trouvé bien ficelé. Il ne faut pas s’attendre à un roman où les révélations se multiplient et où les événements s’enchaînent. Ce n’est pas non plus un roman de l’inaction, mais il est vrai que la part belle est faite aux dialogues : on interroge les proches de la victime, on réfléchit aux témoignages recueillis, on cherche le petit détail qui pourrait donner la solution. Ce qui m’a plu par-dessus tout, ce sont ces va-et-vient entre l’enquête en cours et un événement passé dont on peine à saisir l’impact qu’il a pu avoir sur le présent. Une sombre histoire de jeune fille noyée. On sent que cette mort atroce appartenant au passé joue un rôle essentiel, mais lequel ? Le puzzle se reconstitue peu à peu et, si la révélation finale n’est pas fracassante, elle est tout de même inattendue. Cela dit, je ne m’attendais pas à lire le premier tome des aventures d’Héctor Salgado et je n’ai pas forcément envie de me lancer dans une série avec un personnage récurrent. Or, justement, pour Héctor, l’histoire est loin de s’arrêter à la page 363.
L’œuvre en quelques mots…
« Ça fait longtemps que je n’ai pas pensé à Iris et à l’été où elle est morte. Je suppose que j’ai essayé d’oublier tout ça, de la même manière que j’ai surmonté les cauchemars et les terreurs de l’enfance. Et maintenant que je veux me souvenir d’elle, seul le dernier jour me vient à l’esprit, comme si ces images avaient effacé toutes les précédentes. Je ferme les yeux et je me retrouve dans cette grande et vieille maison, dans ce dortoir aux lits déserts qui attendent l’arrivée d’un autre groupe d’enfant. J’ai six ans, je suis en colonie et je n’arrive pas à dormir parce que j’ai peur : j’ai désobéi aux règles et j’ai affronté l’obscurité, seulement pour voir Iris. Mais je l’ai trouvée noyée, flottant dans la piscine, entourée d’un cortège de poupées mortes. » (p.11)