Rudyard Kipling, Histoires comme ça
Comment la baleine eut un gosier, comment le chameau eut une bosse, comment on écrivit la première lettre et comment il s’en suivit la naissance de l’alphabet… A travers le regard tendre et érudit de Rudyard Kipling, découvrons comment le monde est devenu monde, et pourquoi le chat, lui, va tout seul !
Si l’on connait bien Rudyard Kipling pour son Livre de la jungle, on le connait un peu moins pour ses Histoires comme ça, et c’est bien dommage. Ecrits pour sa fille Joséphine, morte de pleurésie à l’âge de huit ans, les 12 petits contes explicatifs qui composent ce recueil retracent l’origine de divers phénomènes. C’est écrit avec beaucoup de finesse, d’humour et d’amour : l’envie de faire rêver et voyager les plus petits transpire à chaque page.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture, et tout particulièrement les contes suivants : « Comment le chameau eu une bosse », « L’enfant d’éléphant », « Comment on écrivit la première lettre » et « La naissance de l’alphabet ».
L’œuvre en quelques mots…
« Ecoute-bien et tends l’oreille ; car ceci advint, arriva, se fit et fut, ô ma Mieux Aimée, alors que les animaux Domestiques étaient sauvages. Le Chien était sauvage, le Cheval était sauvage, la Vache était sauvage, le Mouton était sauvage et le Cochon était sauvage – aussi sauvages qu’il est possible de l’être – et ils rodaient dans les Territoires Détrempés avec leur sauvagerie pour compagnie. Mais le plus sauvage de tous les animaux sauvages, c’était le Chat. Il allait seul, et pour lui, tous les endroits se valaient.
Bien sûr, l’Homme aussi était sauvage. Terriblement sauvage. Il fallut qu’il rencontre la Femme pour commencer à être domestiqué parce qu’elle déclara qu’elle n’appréciait pas ses mœurs sauvages. Pour s’allonger, elle préféra une jolie Grotte sèche à un tas de feuilles humides ; elle répandit du sable propre sur le sol ; elle alluma un bon feu de bois au fond de la Grotte ; et, en travers de l’entrée, elle tendit une peau séchée de cheval sauvage, la queue vers le bas ; et elle dit :
- Essuie-toi les pieds quand tu rentres, mon chéri, car désormais la maison sera bien tenue. »