Rae Carson, La Fille de braises et de ronces, T1
Princesse d'Orovalle, Elisa est l'unique gardienne de la Pierre Sacrée. Bien qu'elle porte le joyau à son nombril, signe qu'elle a été choisie pour une destinée hors normes, Elisa a déçu les attentes de son peuple, qui ne voit en elle qu'une jeune fille paresseuse, inutile et enveloppée.
Le jour de ses seize ans, son père la marie à un souverain de vingt ans son aîné. Elisa commence alors une nouvelle existence loin des siens, dans un royaume de dunes menacé par un ennemi sanguinaire prêt à tout pour s'emparer de sa Pierre Sacrée.
Délaissée, humiliée, la princesse devra s'affirmer au milieu des intrigues de la cour, du grondement d'une guerre inévitable et des mirages de l'amour. Il lui faudra puiser en elle le courage nécessaire à sa survie et à celle de son peuple. Accepter enfin d'être l'Elue de son propre destin.
Elisa est l’Elue. La chair de la jeune fille est marquée par ce statut dont elle ne sait encore que faire : la pierre qui orne en effet son nombril lui rappelle chaque jour combien elle est importante et combien sont grandes les actions qu’elle devra accomplir. Mais Elisa a seize ans et, si ses préoccupations ne font pas d’elle une jeune fille frivole, elle reste néanmoins quelqu’un d’ordinaire, elle qui aime par-dessus tout déguster les mets délicieux préparés par le maître queux et déchiffrer les textes sacrés afin d’y voir plus clair sur sa destinée. Celle-ci prend d’ailleurs un tournant majeur puisqu’Elisa vient d’être promise à un souverain voisin, Alejandro. Une alliance ayant pour but d’unifier deux peuples qui ont un ennemi commun…
La Fille de braises et de ronces démarre sur les chapeaux de roue. Il faut dire que la situation intrigue : une jeune fille dont le nombril est orné d’un joyau s’apprête à épouser un roi bien plus âgé qu’elle. Elle est un peu enrobée et n’espère qu’une chose : que son futur mari soit aussi vilain qu’elle. Bien sûr, le lecteur voit l’histoire d’amour poindre sous le mariage forcé. Quelle feinte ! L’auteure est très habile pour nous faire croire à des événements qui pourraient bien ne pas se produire. Elle nous invite à suivre une route, mais c’est sans compter sur la multitude de petits chemins annexes. Le suspense est maîtrisé, jusqu’au bout. Je ne suis pas une grande amatrice d’heroic fantasy mais je ne ferme ma porte à aucun genre, c’est pourquoi j’ai accepté avec plaisir de lire La Fille de braises et de ronces, attirée entre autres par la jolie couverture. L’univers dans lequel évolue l’héroïne est complexe mais bien décrit, et les diverses alliances clairement expliquées. Les personnages qui gravitent autour d’Elisa sont intéressants et l’aident à donner un sens à son existence. J’ai notamment beaucoup apprécié de suivre l’évolution de la relation entre Elisa et le prince Rosario, fils d’Alejandro. Mais qu’en est-il d’Elisa ? C’est incontestablement un personnage original, à la marge des héroïnes traditionnelles plutôt jolies et sûres d’elles. Pourtant, je n’ai pas pu m’empêcher d’être agacée par les incessantes allusions à son poids. Je trouve personnellement que l’auteure a donné trop d’importance à cela et, finalement, n’a pas été jusqu’au bout des choses puisque la jeune fille s’affine au gré des péripéties…
L’œuvre en quelques mots…
« Aujourd’hui est un grand jour : je me marie et je fête mes seize ans.
En temps normal j’évite les miroirs mais là, l’occasion est trop importante. Il faut vraiment que je voie de quoi j’ai l’air. Le problème, c’est que la surface du miroir ondule, j’ai mal au crâne et la faim me donne des vertiges… Malgré mon reflet qui tangue, je me rends compte que ma robe de mariée – mon terno – est une splendeur, avec sa soie fluide comme de l’eau, ses roses brodées et ses minuscules perles qui miroitent au gré de mes mouvements. Un pur chef-d’œuvre, d’autant qu’elle a été confectionnée dans l’urgence. » (p.11)