Prosper Mérimée, La Vénus d'Ille et autres nouvelles
Il est temps de publier ma modeste participation au défi J’aime les classiques organisé par la très charmante Marie L. Ma PAL déborde (mais ce n’est pas une nouvelle) et j’ai un peu de mal à m’y retrouver entre les lectures personnelles, les lectures « pour le boulot », les lectures communes et les partenariats… Du coup, j’essaie, quand c’est possible, de lire de petits volumes, histoire de combler mon retard. Pour clore ce mois de février parfois glacial, j’ai décidé de lire ce petit recueil paru chez Librio. Et là, vous remarquez que la blogueuse sait faire travailler sa matière grise puisqu’elle peut ainsi honorer, en plus du défi cité plus haut, le challenge 2 euros de notre camarade Cynthia !!! Et ce sera donc ma première participation au challenge de Cynthia !
La Vénus d’Ille et autres nouvelles est un petit recueil composé de cinq nouvelles. Parmi celles-ci, bien sûr, la très célèbre nouvelle « La Vénus d’Ille ». Je l’ai lu pour la première fois il y a quelques mois (il n’est jamais trop tard) et n’avais pas poursuivi ma lecture. Il faut dire que j’ai bien aimé la lire, mais sans plus. Vous connaissez sans doute tous l’histoire de cet homme qui tombe amoureux d’une statue ? A moins que… : « Le sage se moque des visions et des apparitions surnaturelles. Le raisonneur fait fi des mises en garde, il se rit de prétendus fantômes et des récits à dresser les cheveux sur la tête. Redoutable erreur… »
Dans la deuxième nouvelle, « Vision de Charles XI », de mystérieuses tentures noires font leur apparition dans la demeure royale et une assemblée mystérieuse se met en place qui annonce du sang versé cinq règnes plus tard… Faut-il que je précise que je n’ai pas du tout adhéré à cette nouvelle ? L’aspect politique sans doute… parce que le fantastique de Mérimée, lui, est bien présent et l’auteur nous livre d’ailleurs une introduction digne du genre : « On se moque des visions et des apparitions surnaturelles ; quelques-unes, cependant, sont si bien attestées, que, si l’on refusait d’y croire, on serait obligé, pour être conséquent, de rejeter en masse tous les témoignages historiques. »
La troisième nouvelle, « Il Viccolo di Madame Lucrezia », m’a réellement embarquée. Le narrateur est en séjour à Rome au moment des faits et le souvenir de Lucrèce Borgia à qui de multiples crimes ont été imputés va se rappeler à lui. Une ruelle sombre, une rose jetée à ses pieds, une balle qui vient se nicher dans ses vêtements, il n’en faut pas moins pour perturber notre personnage : « J’ai honte », nous dit-il, « de dire combien de fois je m’arrêtai devant cette maudite maison sans pouvoir parvenir à résoudre l’énigme qui me tourmentait ».
« La perle de Tolède », inspiré visiblement d’un conte espagnol, n’a pas su me séduire. « Qui me dira si le soleil est plus beau à son lever qu’à son coucher ? Qui me dira de l’olivier ou de l’amandier lequel est le plus des arbres ? Qui me dira qui du Valencien ou de l’Andalou est le plus brave ? Qui me dira quelle est la plus belle des femmes ? ‘‘ Je vous dirai quelle est la plus belle des femmes : c’est Aurore de Vargas, la Perle de Tolède. ’’ » Voici le point de départ de la quatrième nouvelle : la jeune Aurore de Vargas attire le regard de tous les hommes ; ceux-ci vont d’ailleurs se défier pour les beaux yeux de la jeune femme, mais il n’est pas dit que celle-ci en sorte indemne. C’est une nouvelle très courte qui tranche un peu avec les autres (je n’y ai pas vu le fantastique…). Elle ne me laissera pas un souvenir impérissable.
La cinquième et dernière nouvelle est celle que j’ai préférée. « Federigo » est l’histoire d’un jeune seigneur amoureux des jeux. Parce qu’il a offert l’hospitalité à Jésus-Christ, il se voit autorisé à demander trois grâces qui lui seront accordées : « Maître, dit-il, faites que je gagne infailliblement toutes les fois que je jouerai avec ces cartes. […] que quiconque montera dans l’oranger qui ombrage ma porte, n’en puisse descendre sans ma permission. […] que quiconque s’assiéra sur cet escabeau, au coin de ma cheminée, ne puisse s’en relever qu’avec mon congé. » Si nous comprenons assez rapidement pourquoi Federigo formule son premier vœu, les deux autres nous sont révélés dans la suite de la nouvelle. J’ai beaucoup aimé cette histoire de vœux et la construction du récit. On sort un peu, avec cette nouvelle, du fantastique du XIXe siècle, mais la lecture en est très agréable.