Mike A. Lancaster, 0.4
Quand ils se sont
réveillés,
leurs amis,
leurs parents,
leurs voisins,
tout le monde
avait changé.
Tout le monde,
sauf eux quatre.
0.4 de Mike A. Lancaster est un court roman jeunesse au style percutant ! Il se savoure du début à la fin. Il faut dire que tout est fait pour attiser, dès les premières pages, la curiosité du lecteur. Après avoir admiré la couverture résolument moderne et en parfait accord avec le thème du roman, le lecteur est amené à lire une étrange note de l’éditeur à travers laquelle l’auteur démontre déjà son habileté narrative. Cette note nous parle d’un certain Kyle Straker, qui aurait livré un témoignage d’une époque « mal connue », le début du XXIe, et les propos de l’éditeur (Mike A. Lancaster en réalité) tentent de nous présenter l’histoire qui va suivre comme vraie. Les pages suivantes, tournées avec frénésie, nous emmènent donc quelques années en arrière (Combien exactement ? On l’ignore…), à l’époque où Kyle Straker a vécu et enregistré de mystérieuses cassettes audio… Les chapitres traditionnels sont alors remplacés par les mentions « Cassette Une Face A », « Cassette Une face B », etc. Dans un style très elliptique et très oralisé (rappelons que l’histoire n’a pas été écrite mais enregistrée), Kyle Straker nous confie les événements qui ont bouleversé sa tranquille vie d’adolescent. Lors du traditionnel concours d’amateurs organisé par les habitants de Millgrove, Danny Birnie, le voisin de Kyle, a décidé de monter sur scène et de proposer aux spectateurs une séance d’hypnose. Malgré l’enthousiasme débordant du jeune garçon, Kyle est persuadé que le petit spectacle va être un échec mais, face à l’absence de volontaires, il se sent obligé de lever la main. Lily, la petite amie de son copain Simon, a eu la même idée. Ils sont aussitôt rejoints par deux autres volontaires, Mrs O’Donnell et Mr Peterson. Les quatre habitants ne se doutent alors pas une seule seconde que la séance d’hypnose va les lier à jamais et que, à leur réveil, plus rien ne sera comme avant…
0.4 est un roman intelligent et original qui vous fera passer un très bon moment. Une suite serait en cours d’écriture, elle s’intitulerait 1.4.
L’œuvre en quelques mots…
« Quand les trucs moches vous tombent dessus - et ça arrive un jour ou l’autre -, on regrette ces moments-là.
Moi, les trucs moches m’attendaient juste au coin de la rue.
Le concours d’amateurs a tout chamboulé.
Pour toujours. » (p.28-29)
« L’un des tableaux préférés de mon père est une toile étrange de Much intitulée Le Cri. […] J’ai contemplé ce tableau des centaines de fois dans le bureau de mon père, en essayant d’imaginer ce qui se passait dans la tête de ce personnage pour qu’il ait l’air aussi désespéré. Je ne le sais toujours pas, mais j’ai vu la même expression gravée sur les visages de tous les habitants de Millgrove.
Tous sauf quatre, bien sûr. » (p.53)