Kyoichi Katayama, Un cri d'amour au centre du monde
Qu'advient-il de l'amour quand l'être aimé disparaît ? Sakutaro et Aki se rencontrent au collège dans une ville provinciale du Japon. Leur relation évolue de l'amitié à l'amour lorsqu'ils se retrouvent ensemble au lycée. En classe de première, Aki tombe malade. Atteinte de leucémie, elle sera emportée en quelques semaines. Sakutaro se souvient de leur premier baiser, de leurs rendez-vous amoureux, du pèlerinage en Australie entrepris en sa mémoire.
Quel sens donner à sa souffrance ? Comment pourrait-il aimer à nouveau ?
En ouvrant ce roman, je m’attendais à être très fortement émue, je m’attendais à un livre coup de cœur. Il faut dire que la quatrième de couverture insiste sur le succès de ce roman de Kyoichi Katayama, devenu un véritable phénomène de société au Japon. Et ce titre, magnifique, ne pouvait qu’attirer mon attention ! Le constat est pourtant là : même si je n’ai pas trouvé ce roman désagréable, on est très loin du coup de cœur attendu et, forcément, je suis déçue.
Au début du roman, nous rencontrons trois personnages : M. Hirose, Mme Hirose et Sakutaro. Ce dernier pourrait être leur fils, mais il n’en est rien. Pourtant, ils s’apprêtent à prendre ensemble l’avion pour l’Australie... Quelques années plus tôt, Sakutaro et Aki, la fille de M. et Mme Hirose, se sont retrouvés dans la même classe de 4ème. Ils ont appris à s’apprécier, sont devenus amis, avant de tomber amoureux, à leur entrée au lycée. Malheureusement, Aki apprend qu’elle est atteinte d’une leucémie. Les adolescents ont à peine le temps de se dire leur amour et de le vivre que déjà, la maladie emporte la jeune fille. Sakutaro se raccroche alors à ses souvenirs.
Bon, pour commencer (et c’est un point positif) ce roman est tout sauf mièvre, il n’est pas débordant de sensiblerie et il est clair qu’on ne peut qu’être attendri devant le destin tragique de ces Roméo et Juliette modernes (la comparaison n’est pas fortuite puisque les deux adolescents se verront attribués les rôles de ces personnages mythiques dans une pièce de théâtre jouée au collège). Les personnages sont sympathiques, la construction du roman intéressante. Mais, puisqu’il y a un mais, il m’a vraiment manqué quelque chose et j’ai un peu de mal à dire précisément quoi. En général, c’est le genre de romans où je m’attends à relever de jolies phrases, qui me parlent, m’émeuvent… il y en a quelques-unes, mais je n’ai pas été subjuguée par l’écriture. Et c’est le gros problème, si j’ai apprécié les anecdotes racontées et si j’ai été sensible à la détresse de Sakutaro, je n’ai pas été émue outre mesure. J’ai trouvé que l’écriture-même du roman manquait de sensibilité, et je me suis demandé tout au long de ma lecture, si ce n’était pas dû à la traduction… Bref, je suis déçue ! C’est mon impression générale qui est plutôt négative, alors même que cette lecture n’a pas été trop déplaisante.
L’œuvre en quelques mots…
« Au cours des quatre mois précédents, une saison avait passé. Une jeune fille avait quitté ce monde, brutalement. Si l’on pensait aux six milliards d’êtres humains, c’était certainement un événement de peu d’importance. Mais moi, je ne demeurais pas au même endroit que ces six milliards d’êtres humains. Moi, j’étais là où la mort lave à grande eau tous les sentiments. C’était là que je demeurais, moi qui ne voyais rien, qui n’entendais rien, qui ne ressentais rien. N’était-ce pas là que j’étais ? Si je ne m’y trouvais pas, où étais-je donc alors ? » (p.11)
« Je fus alors saisi d’une certitude terrible. Aussi longtemps que je vivrais, je ne voulais pas être plus heureux que maintenant. Je ne voulais aspirer qu’à une chose : tenter de conserver ce bonheur précieusement aussi longtemps que possible. Car j’étais effrayée par ce que je ressentais. Si la quantité de bonheur attribuée à chacun d’entre nous est limitée, alors j’étais peut-être en train de dépenser la part de toute ma vie. » (p.33)