Julie Kenner, Te désirer
Sauvage et d’une beauté rare, Evan Black incarne tout ce que les femmes désirent chez un homme. Sûr de son pouvoir de séduction, il cache derrière cette hardiesse un passé tumultueux…
« Je sais exactement quand ma vie a basculé. A l’instant précis où ses yeux ont croisé les miens et où je n’y ai plus vu le reflet insipide de l’habitude mais le danger et le feu, le désir et la faim. J’aurais sans doute dû m’enfuir. Je ne l’ai pas fait. J’avais envie de lui. Plus encore, j’avais besoin de lui. De l’homme, et du brasier qu’il avait allumé en moi…
On m’avait bien dit de ne pas m’approcher de lui. Peut-être aurais-je dû écouter ? M’échapper ? Mais mon désir était trop fort. Il y a des tentations auxquelles ont ne peut pas résister. »
Par où commencer ?... Il est très complexe de juger un genre auquel on n’est pas du tout habitué. Je n’avais jusque là jamais eu l’occasion de lire un roman érotique et peut-être que mon jugement est un peu faussé car je n’ai pas de points de comparaison. Qu’est-ce qu’un bon roman érotique ? Ou plutôt qu’est-ce qui, pour moi, ferait un bon roman érotique ? C’est ce que je me suis demandé tout au long de ma lecture. Je serai de mauvaise foi si je prétendais avoir passé un mauvais moment, il faut dire que j’ai achevé ma lecture en deux jours seulement ! Et pourtant, force est de constater que je n’ai pas trouvé ce roman convaincant. L’histoire en elle-même ne m’a pas intéressée : on sent que l’auteur a essayé de miser sur une intrigue « complexe » pour éviter la simple histoire de fesses (de vrais-faux-méchants, des blessures familiales, un soupçon d’art et de politique) mais ça sonne faux et surtout, ça va beaucoup trop vite. Le ténébreux Evan, que l’héroïne endeuillée (Lina ou « Angie », on ne sait plus trop) cherche à tout prix à mettre dans son lit, cède beaucoup trop rapidement. Les confidences échangées par les deux personnages sont systématiquement interrompues par l’arrivée d’un vocabulaire antiromantique au possible, dont on ne comprend pas trop ce qu’il vient faire là, comme si « érotisme » signifiait forcément « vulgarité ». Certaines expressions utilisées par les personnages pour traduire leurs émotions sont ridicules. En voici un petit florilège : « C’était déjà assez difficile comme ça avant l’autre nuit, mais, mon Dieu, avoir été aussi près qu’on l’a été et puis s’arrêter ? C’est comme essayer de faire virer de bord le Titanic, putain ! J’ai l’impression de m’être pris un iceberg en pleine gueule. » (p.176), « Je te jure Angie, t’es comme de la kryptonite. Putain ! Tu me tues. » (p.97). Les dialogues insipides sont assez fréquemment ponctués par les onomatopées de l’héroïne. Une pluie de « Oh » dont on se serait bien volontiers passé. Alors, c’est sûr, c’est hot ! Mais est-ce que ça suffit ?
L’œuvre en quelques mots…
« Sauvage ou non, je voulais m’approcher. Je voulais passer mes doigts dans ses cheveux et en sentir les mèches sur ma peau. Je m’imaginais la douceur de ses cheveux, sa peau tendre et souple – la seule partie de son anatomie qui aurait été molle, soit dit en passant. Tout le reste aurait été tranchant comme de l’acier, les angles durs de son visage et de son corps révélaient la dangerosité de cet homme sous sa beauté.
Je ne savais pas si le danger était réel ou s’il s’agissait d’une illusion. Et à ce moment-là, je m’en moquais.
Je voulais le contact, le frisson. » (p.19)