Film : The Tree of life
On entend souvent, à propos d’une œuvre littéraire ou cinématographique : « on adore ou on déteste », quitte à oublier qu’on peut avoir un avis bien moins tranché. Il est évident que The Tree of life va susciter des réactions contrastées, à l’image de ce qu’il s’est passé lundi dernier, dans la salle de cinéma où j’ai assisté à l’avant-première du nouveau film de Terrence Malick, réalisateur, entre autres, du Nouveau Monde.
The Tree of life retrace l’histoire de la vie. Le réalisateur s’est d’abord intéressé à l’apparition de la vie sur Terre. Les explications scientifiques se mêlent aux explications théologiques, c’est à la fois convaincant et déroutant. Si le propos religieux, omniprésent dans le film, ne m’a nullement gênée (sauf la dernière scène qui plonge les personnages ainsi que le spectateur dans un mysticisme excessif), je dois reconnaître que les vingt minutes pendant lesquelles nous assistons à la création de notre planète m’ont déplu. C’est, pour moi, le gros point négatif du film. Il faut vous imaginer un début de film absolument envoûtant auquel succède un documentaire scientifique bien longuet et, bien qu’il ne soit pas complètement hors de propos, vraiment de trop. C’est comme si on avait deux films en un. Dans la salle, les rires des spectateurs ont effacé le silence des premières minutes de film, à mon grand agacement et, au milieu de ce déroutant intermède, plusieurs d’entre eux ont d’ailleurs quitté la salle. C’est bien la première fois que je voyais tant de spectateurs sortir en plein film… Je conçois aisément qu’on puisse ne pas aimer un film et qu’on décide de partir avant la fin, mais je trouve regrettable de ne pas attendre quelques minutes de plus.
Et en effet, la suite du film est tout simplement sublime. La caméra suit le jeune Jack, sa naissance, son enfance, l’arrivée de ses deux frères, l’apprentissage du partage. Les trois enfants sont couverts d’amour par leur mère, la remarquable Jessica Chastain, et leur père tente de leur inculquer les valeurs essentielles, quitte à oublier de leur donner l’affection qu’ils réclament en silence. Brad Pitt est formidable dans ce rôle. Les trois enfants sont également très bons comédiens, notamment l’aîné interprété par Hunter McCracken. Ce gamin crève littéralement l’écran. Ce film dramatique (il commence par l’annonce d’un triste événement) est une merveille du point de vue visuel : on assiste à une succession de plans qui constituent en quelque sorte des clips extrêmement travaillés. C’est un enfant qui fait ses premiers pas, un arbre qui grandit, un papillon qui vole. La nature joue un rôle essentiel. La musique est très présente, parfois peut-être trop, mais elle s’intègre très bien aux images. Même s’il y a un fil directeur, on a presque l’impression qu’il n’y a pas vraiment d’histoire, le rôle offert à Sean Penn est d’ailleurs assez maigre et aurait sans doute mérité d’être un peu plus travaillé.
S’il n’y avait pas eu ces longues considérations sur l’univers et la Terre et si la fin avait été différente, j’aurais qualifié ce film de chef-d’œuvre. J’ai la triste impression que le film se saborde tout seul et c’est vraiment dommage car je suis restée émerveillée une grande partie du film par la qualité et la force des images. De votre côté, oubliez les côtés négatifs et allez le voir !