Eric-Emmanuel Schmitt, L'Enfant de Noé
Joseph est un enfant juif né quelques années seulement avant la Seconde Guerre mondiale. Dès 1942, en Belgique comme ailleurs, les rafles se succèdent à un rythme incessant et il est très tôt séparé de ses parents. Le père Pons le prend alors sous son aile et le cache dans un internat, au milieu de ses pensionnaires catholiques, pour le sauver. Pendant ces quelques mois, Joseph portera sur sa situation un regard critique, source de nombreuses interrogations, mais découvrira aussi la force de l'amitié et l'importance de la transmission d'une culture.
Un enfant défile sur une estrade. Tous les dimanches, c’est le même manège. Il attend. Il espère. Peut-être qu’un couple finira par l’adopter. Peut-être que ses parents, revenus de la guerre, le reconnaîtront. Mais les deux godillots abimés qu’il a aux pieds ne lui donnent pas confiance. Peut-être que personne ne voudra de lui, après tout. A dix ans, Joseph est un orphelin. Pas vraiment un enfant abandonné. Un enfant sauvé, par des parents qui aimaient leur fils unique plus que tout. Confié dans un premier temps à la comtesse Sully qui lui a appris à perfectionner son français, l’enfant s’est très vite retrouvé dans le petit village de Chemlay, à la Villa Jaune, une école tenue par le très généreux père Pons. Il y a fait la connaissance de Rudy, un interne comme lui, mais plus âgé et bien plus polisson. Il y a côtoyé des gens dévoués, pratiqué une religion qui n’était pas la sienne, appris la patience et découvert la dureté de la vie. Et il nous raconte son histoire, dans toute sa naïveté d’enfant mais aussi avec une perspicacité souvent déconcertante.
L’Enfant de Noé est un roman dont le titre préserve un certain mystère. Qui est cet enfant ? Un enfant, semblable à tous les autres, qu’un jour pourtant certains ont commencé à pointer du doigt. Un enfant recueilli dans une arche et sauvé. Colère divine ? Non ! Folie des hommes. Joseph est juif, voilà le problème… Les romans consacrés à la seconde guerre mondiale abondent et je ne peux pas dire si celui-ci est vraiment original. Ce qui est sûr, c’est que j’ai passé un bon moment et que je lui ai trouvé de grandes qualités. Le sujet est grave mais il est abordé de manière très simple. Le narrateur, qui n’est autre que le jeune héros, donne sa vision des événements : son innocence et ses bons mots affleurent à chaque page, apportant au récit une véritable fraîcheur. Il y est question de religion, mais aussi et surtout de tolérance. C’est un roman qui, finalement, fait du bien car il montre ce qu’il y a de positif en chacun.
L’œuvre en quelques mots…
« Depuis quelques semaines, la guerre était finie. Avec elle, s’était achevé le temps de l’espoir et des illusions. Nous autres, les enfants cachés, nous devions revenir à la réalité afin d’apprendre, comme on reçoit un coup sur la tête, si nous appartenions toujours à une famille ou si nous demeurions seuls sur terre... » (p.11)
« Ne me demandez pas à quoi ressemblait ma mère : peut-on décrire le soleil ? » (p.12)