Alain-Fournier, Le Grand Meaulnes
Lire Le Grand Meaulnes c'est aller à la découverte d'aventures qui exigent d'incessants retours en arrière, comme si l'aiguillon du bonheur devait toujours se refléter dans le miroir troublant et tremblant de l'enfance scruté par le regard fiévreux de l'adolescence.
Le merveilleux de ce roman réside dans un secret mouvement de balancier où le temps courtise son abolition, tandis que s'élève la rumeur d'une fête étrange dont la hantise se fait d'autant plus forte que l'existence s'en éloigne irrévocablement.
J’ai fini ce roman il y a un petit moment maintenant et je ne sais plus trop quoi en dire, c’est malin ! Le Grand Meaulnes faisait partie de ces classiques incontournables que je m’étais promis de lire et c’est chose faite. Je m’attribue donc un bon point.
Si j’ai beaucoup apprécié le début de l’histoire, l’ensemble du roman n’est pas un coup de cœur. Ce que j’ai aimé au début du roman, c’est l’ambiance fin de siècle associée au milieu scolaire. Le narrateur, François Seurel, fils d’instituteurs plutôt solitaire, regarde d’un œil heureux l’arrivée à Sainte-Agathe d’un jeune garçon un peu plus âgé que lui, Augustin Meaulnes. Le nouvel élève, très vite surnommé « le grand Meaulnes », trouve sa place au milieu des autres, il devient en particulier l’ami de François et exerce sur tous une étrange fascination. Un jour, alors qu’un élève est désigné pour aller chercher les grands-parents du narrateur à la gare, le grand Meaulnes prend la décision de s’y rendre lui-même et disparait. Il ne réapparaitra que trois jours plus tard, après avoir vécu une expérience qui changera le cours de son existence.
A partir du moment où Augustin Meaulnes arrive au domaine mystérieux, j’ai commencé à perdre pied et il m’a fallu un moment pour comprendre l’importance de l’épisode. Le Grand Meaulnes est un roman très riche qui nécessite une attention sans faille. Je n’aurais certainement pas dû le lire le soir car la fatigue m’a fait décrocher et a certainement rendu les choses plus confuses qu’elles n’auraient dû l’être. Toutefois, j’ai pu apprécier la beauté de la langue et, au-delà des difficultés de lecture, une histoire d’amour et d’amitié particulièrement forte, où le bonheur d’un homme est soumis à la réalisation d’une promesse.
L’œuvre en quelques mots…
« Ils arrivaient en vue de l'embarcadère. Elle s'arrêta soudain et dit pensivement :
« Nous sommes deux enfants ; nous avons fait une folie. Il ne faut pas que nous montions cette fois dans le même bateau. Adieu, ne me suivez pas ».
Meaulnes resta un instant interdit, la regardant partir. Puis il se reprit à marcher. Et alors la jeune fille, dans le lointain, au moment de se perdre à nouveau dans la foule des invités, s'arrêta et, se tournant vers lui, pour la première fois le regarda longuement. Etait-ce un dernier signe d'adieu ? Etait-ce pour lui défendre de l'accompagner ? Ou peut-être avait-elle quelque chose encore à lui dire ?... » (p.73)