George Sand, La Reine Coax
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Dans un château de Normandie, Dame Yolande et sa petite-fille Margot vivent paisiblement. Lors d'un été de sécheresse, Margot décide d'assécher les douves du château pour en faire un jardin. Mais ce projet provoque la colère d'une grenouille qui prétend être la reine Coax, une ancêtre de la jeune fille, victime d'une malédiction...
Les enfants de Dame Yolande ont tous quitté le nid mais il lui reste une compagne de choix : Marguerite ou « Margot », sa petite-fille de quinze ans, aussi aimable que courageuse, mais quelque peu disgracieuse aux yeux de sa grand-mère qui n’hésite pas à dire de cette dernière qu’elle a la figure d’une petite grenouille. Les deux femmes vivent ensemble dans un beau domaine situé en Normandie ou en Picardie, la mémoire de la conteuse faisant défaut sur ce point. Lors d’une année de sécheresse, Margot décide de remplacer les douves du château par de beaux jardins aménagés, ce qui attriste Yolande et perturbe la faune locale : perdue dans ses pensées et dans ses regrets, la jeune fille suit un petit ruisseau qui la conduit directement vers une énorme grenouille verte tigrée de noir. Celle-ci prétend s’appeler la reine Coax et être la victime d’une terrible malédiction…
Je n’avais jamais entendu parler de ce conte rédigé par George Sand pour sa petite-fille Aurore. Elle annonce dans la dédicace qu’il est là pour l’instruire et l’amuser. Même si le conte est de facture assez classique, je pense qu’il a deux points forts : sa richesse stylistique et sa morale très moderne. La variété du lexique est en effet impressionnante (« Tu apprends ainsi des mots, des choses qui sont nouvelles pour toi. ») : George Sand crée de petits tableaux descriptifs où abondent des mots rares et raffinés, ce qui rend le texte intéressant pour un travail sur le vocabulaire. La morale quant à elle n’est pas donnée à brûle-pourpoint, elle est progressive et elle naît des réflexions de Margot. Il y est question de choix, d’affirmation de soi, de fidélité à soi-même malgré les tentatives de séduction et de manipulation, c’est un conte que l’on pourrait presque qualifier de féministe si le mot n’était pas anachronique.
L’œuvre en quelques mots…
« Il y avait dans un grand vieux château en Normandie ou en Picardie, je ne me souviens pas bien, une grande vieille dame qui possédait beaucoup de terres, qui était très bonne et très sensée malgré son grand âge. Autour du château, il y avait de grandes douves ou fossés remplis de joncs, de nénuphars, de souchets et de mille autres plantes fort belles qui venaient toutes seules, et où vivaient une quantité de grenouilles, quelques-unes si vieilles et si grosses qu'on s'étonnait de leur belle taille et de leur voix forte.
La châtelaine, qui s'appelait dame Yolande, était si habituée à leur tapage qu'elle n'en dormait pas moins bien, et personne autour d'elle n'en était incommodé. Mais il arriva une grande sécheresse. » (p.15)