Nikki Gemmel, Après
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« Dès que la porte s’est refermée. J’ai su à ce moment-là qu’Elayn était morte. Comment elle s’y était prise et pourquoi. »
Confrontée à la décision inattendue de sa mère de se faire euthanasier en 2015, l’autrice pose, dans un récit intime, honnête et éblouissant d’audace, une foule de questions qui resteront à jamais en suspens. Son choix était-il un acte d’indépendance ? A-t-il été guidé par le désespoir ou la colère ? Était-ce une ultime reprise de contrôle sur la vie ? Après est aussi l’histoire d’une relation mère-fille. Comme une façon de dire adieu.
Après livre une histoire personnelle qui touchera ou non le lecteur mais qui l’invitera incontestablement à réfléchir. Le récit s’ouvre sur une scène difficile puisque Nikki Gemmel relate le moment où elle s’est rendue à la morgue après le décès de sa mère Elayn. Avec son frère, elle a dû identifier le corps de la défunte et répondre aux questions des policiers. À la douleur d’avoir perdu sa mère s’ajoutent l’incompréhension et la colère lorsque Nikki Gemmel réalise qu’il s’agit d’un suicide, terme auquel sera préféré celui d’« euthanasie » dans la suite du récit. L’autrice dresse alors le portrait de sa mère, évoque sa relation avec elle, souvent conflictuelle, parfois tendre, et s’interroge sur l’absence de dialogue au cours des derniers jours de sa vie : sa mère, fatiguée et souffrant atrocement, a préféré agir seule, sans se confier à personne. La femme forte a refusé d’être un fardeau. La culpabilité envahit rapidement l’introspection, les regrets sont lourds à porter, puis la compréhension s’installe peu à peu, au fur et à mesure des recherches que Nikki Gemmel fait et des témoignages qu’elle reçoit. Malgré les propos parfois durs tenus par l’autrice au sujet de la relation qu’elle entretenait avec sa mère, Après est un témoignage que j’ai trouvé émouvant, d’une part parce que les récits autobiographiques axés sur la figure maternelle me touchent particulièrement et d’autre part parce que la question de la fin de vie m’intéresse. Le droit de mourir dans la dignité devrait être un sujet essentiel. Parce qu’il est un témoignage brut et sincère et parce qu’il propose une véritable réflexion sur l’euthanasie, ce récit mérite d’être lu.
L’œuvre en quelques mots…
« Dans le judaïsme aussi, il existe une année de deuil dédiée spécialement à la perte d'un parent parce qu'ils estiment qu'il s'agit là d'une disparition très importante qui nécessite une plus longue période d'ajustement que pour la mort d'un autre être. Un temps suspendu pour s'immerger de la gratitude quant à tout ce que le parent défunt nous a donné. De la gratitude pour tous ces actes qui nous ont conduits à devenir qui nous sommes. Ça, je le dois à maman. »
« Et ma mère a déposé la plus fine des poussières sur tous les meubles de ma vie. Partout. Je n'arrive pas à m'en débarrasser. J'avais toujours été celle qui n'avait ni besoins ni désirs à exprimer, mais maintenant, je suis vaincue. »