Salva Rubio, Pedro J. Colombo & Aintzane Landa, Le Photographe de Mauthausen

Publié le par calypso

 

Et si le vol du siècle avait eu lieu... dans un camp de concentration nazi ?

En 1941, Francisco Boix, matricule 5185 du camp de concentration de Mauthausen, échafaude avec ses camarades un plan pour voler des photographies témoignant des crimes commis dans le camp et incriminant les plus hauts dignitaires nazis. Ce plan risqué n'est que le début de son périple pour révéler la vérité...

                                       

Francisco Boix est un jeune républicain espagnol. Après avoir fui l’Espagne de Franco, il est interné dans le camp du Vernet d’Ariège puis transféré à Septfonds, avant d’être arrêté par les Allemands dans les Vosges. Le 27 janvier 1941, il est déporté au camp de Mauthausen, un camp de catégorie 3, réservé aux détenus « quasiment irrécupérables ». Il y découvre le système des matricules, les baraquements, le travail forcé, les menaces, la violence. Il commence par être affecté au Wiener Graben, la carrière de granit, où des détenus sont contraints de monter 186 marches chargés de blocs de pierre et ainsi condamnés à mourir d’épuisement. Son rôle est de traduire les insultes prononcées par les Allemands afin que les Espagnols les comprennent. Il faut savoir qu’à Mauthausen, le mot d’ordre est l’« extermination par le travail ». Au block 2, il fait la connaissance de détenus privilégiés par leur profession et se voit rapidement confier un poste au sein de l’Erkennungsdienst : il peut alors redevenir photographe, métier qu’il exerçait en Espagne. Il découvre le fonctionnement de ce service : entre les photographies des prisonniers à leur arrivée au camp et les photographies personnelles et officieuses des SS – envoyées pour certaines à leurs compagnes –, il comprend que la majorité des photographies prises constituent un outil de propagande visant à prouver qu’il fait bon vivre dans les camps. Très vite, il est chargé de photographier les morts dans des mises en scène grotesques censées disculper les nazis et maquiller les assassinats…

Le Photographe de Mauthausen est un ouvrage au graphisme convaincant et rempli d’informations précieuses sur un sujet sans doute assez méconnu. On peut regretter que quelques éléments relèvent de la fiction mais l’honnêteté des auteurs a été de le signaler. Bien sûr, le roman graphique n’a pas vocation à présenter les faits dans leur exhaustivité, mais un dossier est présent à la fin et rend l’ensemble très complet. Il s’étend sur une cinquantaine de pages et est d’une précision extraordinaire. Il constitue à lui seul une vraie leçon d’histoire. Il évoque notamment la déportation des républicains espagnols dans les camps nazis et le sort des survivants ; il retrace l’historique du camp de Mauthausen ; il s’attarde sur l’Erkennungsdienst, le service d'identification en charge de photographier les événements du camp ; il revient sur le personnage de Paul Ricken, le SS responsable du service photographique, mais aussi sur le vol des photos… Une réussite !

 

 

 

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