Hubert Mingarelli, La Lumière volée

Publié le par calypso

 

Élie a onze ans. Il s'est réfugié dans le cimetière du ghetto de Varsovie. Il ne possède rien d'autre qu'une vieille couverture et l'argent que lui a laissé son père avant de disparaître. En 1942, les rafles sont nombreuses, les exécutions sommaires. Une nuit, il est rejoint par Gad, un garçon un peu plus âgé que lui, qui vit de petits trafics. Ensemble, ils s'inventent un monde intime, fragile. Au loin résonnent des coups de feu, qui se rapprochent...

 

La Lumière volée est un court roman de 120 pages qui met en scène deux personnages : Élie, âgé de onze ans, et Gad, âgé de quatorze ans. Le premier est seul depuis que son père a été déporté et il a élu domicile dans le cimetière du ghetto de Varsovie. Le second est un szmugler, un jeune trafiquant contribuant à l’approvisionnement du ghetto en nourriture. Le cimetière est alors l’un des passages du trafic entre le ghetto et le reste de Varsovie, ce qui va conduire à la rencontre entre les deux adolescents. Gad est intrépide, courageux, déjà bien conscient de tout ce qu’il se passe dans la ville. Élie est plus calme, plus naïf, il trouve du réconfort dans la poésie et se projette avec une grande facilité sur le futur, n’hésitant pas à inclure Gad, son nouvel ami, dans ses projets. Dans ce cocon protecteur qu’est le cimetière, les discussions vont bon train, tantôt légères, tantôt plus sombres, elles sont émaillées de confidences et donnent de l’espoir, malgré les coups de feu récurrents en guise de fond sonore…

C’est un roman assez surprenant par rapport à tous les romans jeunesse consacrés à cette période car il n’y a quasiment pas d’action, le huis-clos favorisant essentiellement les échanges entre les deux protagonistes. Il y a quelques passages poétiques qui disent l’importance de pouvoir s’évader dans un contexte de guerre, surtout quand on est un enfant ou un adolescent. Même s’il ne présente aucune difficulté de lecture et même si je suis contente de l’avoir lu en tant qu’adulte s’intéressant à tout ce qui touche à cette période historique, j’avoue avoir du mal à dire s’il pourrait séduire véritablement les adolescents… Ce n’est pas un incontournable si l’on veut comprendre le fonctionnement du ghetto de Varsovie.

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« Élie était allongé contre la tombe de Josef Cytrin. Il avait trop mangé au restaurant Szulc et ne parvenait pas à dormir ; comme le lit d’herbe et de fleurs sèches qu’il avait étendu sous la couverture s’affaissait peu à peu, il avait mal à la hanche

Il se souleva sur un coude et cala sa joue dans une main.

Il regarda la lune aux trois quarts ronde.

Il lui venait, lointains, les échos d’une poursuite dans le nord du cimetière. C’était l’un des passages du trafic entre le ghetto et le reste de Varsovie. » (p.7)

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