Emmanuelle Faguer, Les Désobéissantes
/image%2F1498811%2F20221231%2Fob_d4079f_emmanuelle-faguer-les-desobeissant.jpg)
On dit de lui qu’il a eu mille vies. Une enfance passée à l’orphelinat, une jeunesse marquée par le succès et, au faîte de sa gloire, des fiançailles avec une riche Américaine. Il était discret, virtuose, solitaire. La dernière femme de sa vie aurait pu parler. Mais en ce matin d’octobre elle gît au pied de l’escalier.
Entre les murs d’un manoir en Picardie, l’étrange duo formé par la domestique Elizabeth Storm et le pianiste Marcus Solar n’est plus. Et c’est un drôle de moment qu’a choisi l’artiste pour tirer sa révérence puisque, après vingt-six ans passés à l’abri des regards, il s’apprêtait à donner une série de concerts exceptionnels.
Qui était Marcus Solar, star déchue morte d’une overdose de morphine à soixante-dix ans et sur le point d’entrer dans la légende ? Quels mystères renfermait-il pour disparaître à la veille du grand soir, emportant avec lui une vieille femme sans passé ?
Et qui sont ces femmes qui ouvrent et ferment la ronde tragique d’une enquête à laquelle semblent vouloir s’inviter l’amitié, la honte et les regrets ?
C’est un premier roman et cela mérite d’être souligné, Les Désobéissantes signant incontestablement un début prometteur. L’autrice, Emmanuelle Faguer, est scénariste et, croyez-moi, cela se sent. On pourrait tout à fait tirer un film de cette trame narrative, tant elle est riche en personnages et ramifications. Au centre de toute cette histoire, il y a un homme, Marcus Solar, un pianiste qui a arrêté sa carrière du jour au lendemain et s’est isolé dans un manoir avec pour seule compagne sa domestique, Elizabeth Storm. Les deux sont découverts morts au début du roman. Autour d’eux, gravite un panel de personnages féminins : si certaines ont un lien clairement exprimé avec le passé de Marcus et d’Elizabeth, ce qui unit les autres aux deux victimes est plus flou. Vous vous en doutez, l’émergence progressive de la vérité se fera sur deux plans : le dévoilement des liens unissant l’ensemble des personnages et la découverte du coupable. J’ai beaucoup aimé ce roman et je dirais même que je l’ai dévoré puisque je l’ai lu en à peine trois jours. Cela m’a fait plaisir de sortir un peu des thrillers et de lire un roman de facture plus classique, un vrai roman policier avec des victimes, des suspects potentiels, une énigme (le manoir était complètement verrouillé lors des crimes) et beaucoup de mystère et de suspense. J’ai cependant laissé mûrir un peu après avoir tourné la dernière page et j’apporterai deux bémols. Premier bémol : il y a pas mal de personnages et le lecteur doit pouvoir les identifier sans difficultés, il faut que leur personnalité émerge rapidement et le risque, c’est qu’ils en deviennent un peu caricaturaux, risque qui n’a à mon avis pas été complètement évité par l’autrice. Deuxième bémol : si l’on prend un réel plaisir à suivre toutes les révélations qui, par ailleurs, sont souvent amenées de façon très intelligente, comme si de rien n’était, on se demande tout de même à la fin si tout est vraisemblable. Mais cela n’enlève rien à ce très bon moment de lecture car, plongée dans l’histoire comme je l’étais, je ne me suis pas posé toutes ces questions !
Je remercie chaleureusement Babelio et les Éditions Harper Collins pour l’envoi de ce roman !
L’œuvre en quelques mots…
« Gabrielle monta l’escalier jusqu’au premier étage et ouvrit une porte à toute vitesse. L’odeur putride qui se dégagea de la pièce lui souleva l’estomac. Elle alluma l’interrupteur en tremblant. Face à elle, un homme reposait dans un grand lit aux draps soyeux. Immobile, il semblait dormir, mais sa poitrine ne s’agitait d’aucune respiration. Toute vie s’était échappée de son visage. Il était mort. Elle cria si fort que les murs du manoir s’ébranlèrent et les oiseaux quittèrent leurs branches. Au loin, le jour se levait. » (p.12)
« La musique n’avait pas comblé le manque des autres. Elle n’avait fait que renforcer leur absence. » (p.265)