Delia Owens, Là où chantent les écrevisses

Publié le par calypso

 

Pendant des années, les rumeurs les plus folles ont couru sur « la Fille des marais » de Barkley Cove, une petite ville de Caroline du Nord. Pourtant, Kya n'est pas cette fille sauvage et analphabète que tous imaginent et craignent.

A l'âge de dix ans, abandonnée par sa famille, elle doit apprendre à survivre seule dans le marais, devenu pour elle un refuge naturel et une protection. Sa rencontre avec Tate, un jeune homme doux et cultivé qui lui apprend à lire et à écrire, lui fait découvrir la science et la poésie, transforme la jeune fille à jamais. Mais Tate, appelé par ses études, l'abandonne à son tour.

La solitude devient si pesante que Kya ne se méfie pas assez de celui qui va bientôt croiser son chemin et lui promettre une autre vie.

Lorsque l'irréparable se produit, elle ne peut plus compter que sur elle-même...

 

Là où chantent les écrevisses est un très beau roman. Il est sorti en France en janvier 2020 et son succès fait qu’il est quasiment impossible d’être passé à côté. Pour ma part, alors que je l’avais sagement gardé en réserve, c’est la sortie de l’adaptation cinématographique qui me l’a fait enfin lire en ce mois d’août 2022. Et je l’ai dévoré.

L’histoire est celle de Kya, une jeune femme que les habitants de Barkley Cove surnomment « la Fille des marais ». Ils ne connaissent rien d’elle mais cela ne les a pas empêchés, durant de longues années, de laisser libre cours à tout un tas de rumeurs au sujet de cette fille solitaire. La réalité est pourtant bien éloignée du mythe. Kya n’est pas la sauvageonne que l’on voudrait qu’elle soit : elle a certes grandi seule dans le marais, mais ses ailes ont poussé en harmonie avec la terre qui lui a servi de mère. Elle n’a certes pas été inscrite à l’école, mais elle a appris au contact de la faune et de la flore entourant sa maison. Elle a certes souffert de la solitude, mais elle s’est forgé une carapace et a appris à en faire une force. Et cette force s’est décuplée lorsque Tate, le jeune homme avec lequel elle a appris à lire et a connu ses premiers émois amoureux, l’a abandonnée, comme ses parents et ses frères et sœurs avant lui. En 1969 cependant, sa vie bascule : un jeune homme est retrouvé mort au pied d’une tour de guet, au cœur du marais où vit Kya, et l’enquête mène assez rapidement les policiers vers la mystérieuse et inaccessible « Fille des marais »…

Je disais donc que j’ai dévoré ce roman et, vraiment, je comprends le succès qu’il a eu. C’est un roman qui tire sa force des passages descriptifs, ceux au cours desquels l’autrice tisse le rapport fusionnel entre son personnage, Kya, et la nature. Ce sont des passages magnifiquement rédigés et, qui plus est, très instructifs. Delia Owens est zoologiste, ceci explique cela. Le personnage de Kya est un personnage particulièrement fort car brillamment et progressivement construit, un personnage qui marque et qu’il sera difficile d’oublier. Ce n’est pas un personnage lisse : si elle a des pensées et des réactions qui font d’elle une jeune femme comme les autres, elle a aussi une profondeur et une sensibilité uniques, liées à son histoire personnelle. Elle est telle que la nature l’a forgée : multiple et, de fait, passionnante. C’est un merveilleux portrait de femme et ce, jusqu’aux dernières pages, qui offrent au lecteur une fin magistrale.

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« Au cours des jours suivants, Kya tira la leçon des erreurs des autres, et aussi de l’observation des petits poissons, pour essayer de supporter la vie avec lui. Il fallait s’écarter de son chemin, ne pas le laisser la voir, bondir des flaques de lumière aux zones d’ombre. Elle se levait et quittait la maison avant son lever, vivait dans les bois et les marécages, puis rentrait sur la pointe des pieds pour regagner son lit dans la véranda aussi près des marais qu’elle le pouvait. »

 

« Des mois passèrent, l’hiver s’installa lentement, comme toujours dans le Sud. Le soleil, aussi chaud qu’une couverture, enveloppait les épaules de Kya, et la poussait à s’aventurer toujours plus loin dans le marais. Parfois, la nuit, elle entendait des bruits qu’elle ne connaissait pas ou était réveillée par un éclair tout proche, mais chaque fois qu’elle trébuchait, la terre la remettait sur ses pieds. Jusqu’à ce qu’un jour, sans qu’elle en prenne vraiment conscience, la douleur qu’elle avait au cœur s’écoula comme l’eau dans le sable. Elle était toujours là, mais cachée au plus profond. Kya posa la main sur la terre mouillée et vivante, et le marais devint sa mère. »

 

« Au point le plus vulnérable de sa vie, elle se tournait vers le seul gilet de sauvetage qu’elle connaissait : elle-même. »

 

« Pour Kya, il était suffisant de faire partie de cette suite naturelle d’événements, rythmée par la même régularité que les marées. Elle se sentait attachée à sa planète d’une façon que peu de gens connaissent. Elle était enracinée dans la terre. Elle lui devait la vie. »

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D
Bonsoir, comme toi, c'est parce que l'adaptation cinéma est sortie (et que j'ai vue) que j'ai eu envie de lire le roman et je n'ai pas été déçue. Les deux se complètent bien. Bonne soirée.
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T
Il ne me semble pas avoir vu dans les blog un parallèle littéraire (peut-être ne vient-il qu'à l'esprit des garçons?): Tarzan des singes, qui apprend à lire tout seul en découvrant un abécédaire dans la cabane de feu ses parents biologiques... <br /> Plus sérieusement, j'ai apprécié de lire Là où chantent les écrevisses, et/mais n'ai pas encore vit le film...<br /> (s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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