Donna Freitas, Les neuf vies de Rose Napolitano
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Rose Napolitano se dispute avec son mari, Luke, à propos de vitamines prénatales. Elle lui avait promis qu’elle en prendrait mais ne l’a pas fait. De son côté, lui assurait, avant leur mariage, qu’il ne voudrait jamais d’enfant, mais il a changé d’avis. La suite de leur relation dépend maintenant de cette seule question : Rose se résoudra-t-elle à devenir mère ? La dispute prend fin et, avec elle, le mariage de Rose et Luke.
Mais le récit se poursuit - Rose est à nouveau en pleine dispute avec son mari. Seulement, cette fois, les choses prennent une tournure légèrement différente, et le destin de Rose aussi. Alors que la jeune femme hésite à abandonner la seule certitude qu’elle ait sur elle-même, elle se demande si elle pourrait imaginer son futur autrement. Neuf fois, Rose réinvente ainsi sa vie.
Le point de départ des neuf vies potentielles de Rose Napolitano est toujours le même : une dispute entre elle et son mari Luke au sujet des vitamines prénatales qu’elle n’a pas prises, contrairement à ce qu’elle avait promis. À partir de là le lecteur joue les équilibristes sur le fil du temps et explore le passé du personnage principal, passé au cours duquel sa volonté de ne pas avoir d’enfant est déjà très marquée, mais aussi le futur, un futur multiple, regorgeant de possibilités, dont toutes découlent de ce moment de tension conjugale. L’exercice est périlleux mais rondement mené, et même si le lecteur peut avoir l’impression de se perdre au milieu de ces neuf vies et d’en confondre les détails, il ne perd pas de vue l’essentiel : l’importance des choix et le discours sur la maternité. J’ai beaucoup aimé suivre les réflexions de Rose sur la « maternité forcée », ses interrogations face aux insistances diverses – société et cercle familial en tête – et pesantes, sa spontanéité et sa volonté d’être avant tout en accord avec elle-même. C’est une femme forte, ambitieuse, moderne et profondément attachante. J’ai aimé découvrir ses choix et les conséquences qui en découlent. La variété des possibles est assez vertigineuse quand on y pense. Cependant, j’avoue avoir été un peu perturbée par la fin car elle me semble aller à l’encontre du message véhiculé tout au long du roman… Mais je n'en dis pas plus et vous conseille vivement de découvrir Les neuf vies de Rose Napolitano !
L’œuvre en quelques mots…
« Avec elle, j’ai le sentiment de ne pas être seule. Je ne serai jamais seule, tant et aussi longtemps que ma mère sera de ce monde. » (p.120)
« Là, debout, je contemple longuement la mer.
Je me déleste d’un fardeau. Je le sens quitter mes épaules, je sens son poids s’alléger peu à peu, disparaître. Des larmes me piquent les yeux et je me mets à pleurer, mais ce ne sont pas des pleurs de tristesse.
Rien ne m’oblige à être mère
La marée monte, et l’eau, froide et délicieuse, baigne mes pieds.
Rien ne m’oblige à avoir un bébé si je n’en veux pas. Et je n’en veux pas, je n’en ai jamais voulu. Jamais. » (p.138)
« Être aimée par une mère, c’est cela, non ?
Avoir dans sa vie quelqu’un qui se passionne pour tous les détails de votre existence, aussi petits et insignifiants soient-ils, se soucie des moindres choses que vous faites, à tel point sur même les broutilles prennent une importance extraordinaire ; quelqu’un qui, de la même façon, dédramatise les chagrins, les échecs, les déceptions, les défis existentiels, se dépense sans compter pour vous aider à continuer. Elle en fait trop, parfois, voire souvent, mais c’est sa façon de vous rappeler, au plus profond de votre être, que vous n’êtes pas seule. » (p.373)
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