Emmanuelle Laborit, Le Cri de la mouette

Publié le par calypso

 

Emmanuelle n'a jamais connu que le silence. Le monde, autour d'elle, n'était qu'une étrange représentation de mimiques, de bruits et de gestes mystérieux. Alors, pour s'évader de cette prison, pour clamer son existence, elle s'est mise à crier. Des cris d'oiseau de mer, disaient ses parents. C'est ainsi qu'elle est devenue la mouette.

Puis, à sept ans, Emmanuelle découvre le langage des signes. Le monde intelligible s'ouvre enfin et elle devient une petite fille rieuse et « bavarde ». Aux désarrois de l'adolescence qui vont suivre, s'ajoute la révolte devant l'ostracisme social dont sont frappés les sourds. Mais très vite la réaction, la lutte vont mener à la victoire sur elle-même : son triomphe au théâtre dans Les enfants du silence, son combat pour faire connaître les droits de trois millions de sourds.

 

Pour être honnête, Le Cri de la mouette n’est pas le récit autobiographique le plus poignant qu’il m’ait été donné de lire. Je n’ai pas été extrêmement émue et je n’ai pas non plus été particulièrement séduite par la plume de l’autrice. C’est un témoignage qui ne s’accompagne pas de la recherche d’un style et qui privilégie le fond à la forme et c’est bien là ce qui doit être mis en lumière. En effet, le roman d’Emmanuelle Laborit mériterait d’être lu par le plus grand nombre parce que son sujet est aussi passionnant que méconnu. Que savons-nous en effet de la surdité ? Je veux dire, que savons-nous, hormis les évidences ? Auprès d’Emmanuelle Laborit, nous apprenons tout, de sa naissance et la découverte de sa surdité par ses parents à l’année 1993, au cours de laquelle elle reçoit le Molière de la révélation théâtrale pour son rôle dans la pièce Les Enfants du silence. Entre ces deux dates : les doutes, les questionnements, les impasses, les apprentissages, les échecs, les réussites, mais toujours ce courage, cette rage de vaincre et de vivre, et cette légèreté salvatrice. L’univers des sourds est dépeint avec beaucoup de précisions et l’ensemble est riche d’enseignements.  Le Cri de la mouette est une belle leçon, dans tous les sens du terme.

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« La mouette est devenue grande et vole de ses propres ailes.

Je vois comme je pourrais entendre.

Mes yeux sont mes oreilles.

J'écris comme je peux signer.

Mes mains sont bilingues.

Je vous offre ma différence.

Mon cœur n'est sourd de rien en ce double monde. » (p.218)

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