Franck Pavloff, "Matin brun"
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Charlie et son copain vivent une époque trouble, celle de la montée d'un régime politique extrême : l'Etat Brun.
Dans la vie, ils vont d'une façon bien ordinaire : entre bière et belote. Ni des héros, ni de purs salauds. Simplement, pour éviter les ennuis, ils détournent les yeux.
Sait-on assez où risquent de nous mener collectivement les petites lâchetés de chacun d'entre nous ?
J’ai coutume de dire à mes élèves qu’il faut privilégier la qualité à la quantité. En voilà un qui a compris la leçon ! Toute l’efficacité de ce texte tient à sa brièveté. C’est percutant et fulgurant : on assiste, en 11 pages seulement, à la transformation d’une société et à l’instauration d’un état totalitaire. Tandis que les libertés sont de plus en plus restreintes, étouffées par des règles absurdes (tout ce qui n’est pas brun doit disparaître), l’inaction semble légion. Le narrateur ne semble pas comprendre, ne veut pas comprendre. La peur, le manque de discernement, la tendance au conformisme expliquent l’absence de réactions. La prise de conscience est bien trop tardive.
Le style est limpide, les allusions claires, la leçon efficace. À mettre entre toutes les mains.
L’œuvre en quelques mots…
« Après ça avait été au tour des livres de la bibliothèque, une histoire pas très claire, encore.
Les maisons d'édition qui faisaient partie du même groupe financier que le Quotidien de la ville, étaient poursuivies en justice et leurs livres interdits de séjour sur les rayons des bibliothèques. Il est vrai que si on lisait bien ce que ces maisons d'édition continuaient de publier, on relevait le mot chien ou chat au moins une fois par volume, et sûrement pas toujours assorti du mot brun. Elles devaient bien le savoir tout de même. » (p.5)
« [...] on aurait dû dire non. Résister davantage, mais comment ? Ça va si vite, il y a le boulot, les soucis de tous les jours. Les autres aussi baissent les bras pour être un peu tranquilles, non ? » (p.11)