Frédéric Lenoir, Juste après la fin du monde
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La petite fille posa sa cruche sur le bord de la route et courut jusqu’au village en criant de toutes ses forces : « La Vivante, la Vivante ! Elle arrive ! Elle vient nous visiter ! » À ces mots, les visages des vieux comme des jeunes s’illuminèrent. La foule se pressa à l’entrée du village pour accueillir la jeune femme qui marchait d’un pas lent et gracieux. Une horde d’enfants l’accompagnait partout. Tous avaient perdu leur famille pendant la Grande Catastrophe.
Tandis que les enfants se dispersaient joyeusement, la jeune femme proposa aux villageois de s’asseoir en cercle autour d’elle. « Ô survivants, merci pour votre hospitalité et pour vos cœurs grands ouverts. Que voulez-vous savoir ? » Une femme, tenant un bébé dans les bras, prit la parole : « Dis-nous la qualité la plus importante que nous devons développer pour être de bons êtres humains et ne plus reproduire les erreurs du passé ? »
Si le nouvel ouvrage de Frédéric Lenoir ne renouvelle pas le genre, il offre en tout cas un moment de calme et de sérénité fortement appréciable. Il fait suite à L’Âme du monde paru en 2012, un conte initiatique ayant remporté un beau succès et présentant la réunion de sept sages dans un monastère tibétain à la veille de l’apocalypse. Deux personnages présents dans L’Âme du monde, Natina et Tenzin, sont également les protagonistes de Juste après la fin du monde. Au monastère, alors qu’ils n’étaient que des adolescents, ils ont reçu un enseignement leur permettant d’appréhender avec sagesse la suite de leur existence. L’apocalypse les a séparés et ils errent, chacun de leur côté, à la recherche de leur moitié. L’errance n’est en réalité qu’apparente car Natina et Tenzin savent qu’ils marchent dans la bonne direction. Leur cheminement est ponctué de rencontres et, à travers elles, les paroles échangées ouvrent la voie à un questionnement philosophique visant un seul et même but : l’harmonie.
Il n’est nullement nécessaire d’avoir lu L’Âme du monde pour comprendre et apprécier Juste après la fin du monde, j’en suis la preuve. Les indications présentes dans le livre sont suffisamment claires et une recherche rapide est toujours possible afin de saisir les enjeux du premier conte. Il ne faut pas s’attendre à un scénario développé et à une multiplication de rebondissements ; ici, la situation des personnages est avant tout un prétexte à la discussion et à la réflexion car tous deux cherchent l’harmonie ultime, celle qui sera rendue possible par leurs retrouvailles. Les chapitres sont courts et méritent d’être lus sans précipitation car la sagesse nécessite un apprentissage lent. Certaines pensées sont relativement communes et pourraient avoir déjà été lues dans d’autres textes consacrés au bien-être et à la spiritualité mais, en la matière, j’estime qu’il n’y a jamais de redites et qu’il est toujours bon de faire du bien à son esprit et de s’enfermer, le temps d’une lecture, dans une bulle de quiétude.
L’œuvre en quelques mots…
« Le bonheur tient à cet équilibre entre relation et solitude, entre amour des autres et amour de soi. » (p.61)
« L’une des choses les plus importantes est de veiller à nos paroles en les passant par les trois tamis de la vérité, de la bienveillance et de l’utilité. » (p.64)
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