Agnès Marot et Cindy Van Wilder, Tous debout

Publié le par calypso

 

D'un côté, Anton, un garçon discret qui se cache derrière le pseudo de Gossip Boy pour jouer les justiciers sur Tumblr (et y balancer les pires ragots du bahut).

De l'autre, Méloée, jeune fille fougueuse et passionnée qui craque sur Rahim, le petit nouveau au lycée.

Sous ses airs d'étudiant sans histoires, le mystérieux Rahim se retrouve vite au centre de toutes les attentions. Surtout lorsque Gossip Boy révèle qu'il est sans-papiers... Bientôt, tout bascule. Rahim est sur le point d'être expulsé. Derrière les grilles, il est temps pour les élèves barricadés de lever le poing pour défendre l'un des leurs !

 

Bon, bon, bon… Que dire ? « Nos intentions étaient louables ! » s’exclameraient Agnès Marot et Cindy Van Wilder devant un tribunal littéraire, et je serais forcée de les croire… Mais les adolescents qui vont lire le roman, que vont-ils penser de tout cela, eux ? Que vont-ils retenir du sort de Rahim qui a à peine droit à la parole, si ce n’est par le biais d’un journal intime dans lequel il livre ses émotions et non sa lutte, qu’il semble sacrément subir, au passage. Que vont-ils retenir du sort des Iraniens, dans ce roman qui effleure à peine la vie des hommes et des femmes de ce pays ? Que vont-ils retenir du sort des réfugiés, de leur combat, du rôle des associations qui les défendent ? Comment vont-ils interpréter certains messages, peu clairs, sur des sujets aussi divers que le racisme, l’homophobie, le harcèlement scolaire ? Quel fourre-tout ! Comment peuvent-ils comprendre l’attitude de certains personnages, caricaturaux à l’extrême, incarnations troubles de valeurs ou de travers ? Quelle image de la sexualité vont-ils garder après avoir lu cette étrange scène dans les toilettes sales du lycée ? Qui peut me dire quel est l’intérêt d’une telle scène ? On a tout mis dans ce roman, toutes les problématiques qui pourraient concerner les jeunes et qui pourraient faire l’objet de longues discussions et de questionnements enlevés, on a tout mis mais on n’a rien développé. Que de maladresses ! Et pourtant… une écriture à quatre mains intelligente, un style percutant, des pages qui se tournent rapidement, une sensibilité évidente aux causes abordées. Mais se servir d’une cause pour écrire ne suffit pas. Il faut servir la cause.

 

 

Je remercie Babelio et les Éditions Hugo & Cie pour cette lecture qui m’a permis de découvrir deux autrices à la fois.

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« La voix de mon meilleur pote me prend par surprise.

- Faut apprendre à réfléchir avant de l’ouvrir !

Son cri résonne dans la salle.

C’en est apparemment trop pour Rahim, qui prend la fuite.

Méloée se lance à ses trousses.

Et moi, je demeure pétrifié. Impuissant.

Me demandant quel merdier j’ai déclenché. » (p.89)

 

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S
C'est le 2e avis très mitigé que je croise, et pour les mêmes raisons, en plus... Je vais passer mon chemin
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