Marie Desplechin, Verte
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À onze ans, la petite Verte ne montre toujours aucun talent pour la sorcellerie. Pire que cela, elle dit qu'elle veut être quelqu'un de normal et se marier.
Elle semble aussi s'intéresser aux garçons de sa classe et ne cache pas son dégoût lorsqu'elle voit mijoter un brouet destiné à empoisonner le chien des voisins.
Sa mère, Ursule, est consternée. C'est si important pour une sorcière de transmettre le métier à sa fille. En dernier ressort, elle décide de confier Verte une journée par semaine à sa grand-mère, Anastabotte, puisqu'elles ont l'air de si bien s'entendre.
Dès la première séance, les résultats sont excellents. On peut même dire qu'ils dépassent les espérances d'Ursule. Un peu trop, peut-être.
Être sorcière est une affaire de famille. Anastabotte, la grand-mère, est une sorcière. Ursule, sa fille, est une sorcière. Verte, la fille de cette dernière, a donc un destin tout tracé. Oui mais voilà… Les prédispositions de Verte à la sorcellerie ne sautent pas aux yeux et elle ressemble davantage à une jeune fille ordinaire qu’à une sorcière en herbe. Ce qu’elle aime, elle, c’est être comme tout le monde, aller à l’école et passer du temps avec Soufi, son camarade de classe. Elle a même un rêve : se marier ! Ursule s’inquiète et s’agace de cette situation. Heureusement, Anastabotte va prendre la jeune Verte sous son aile chaque mercredi après-midi pour tenter de faire d’elle, l’air de rien, une sorcière digne de ce nom !
Paru en 1996, le roman de Marie Desplechin propose un univers clairement moins fouillé que tout ce que vous pourrez lire après Harry Potter mais c’est parce que le monde de la sorcellerie y est somme toute assez secondaire. Si le propos est bien de transformer une jeune fille en apparence quelconque et réfractaire en sorcière aguerrie, en vérité, il est surtout question d’aborder les liens familiaux grâce à ce trio féminin, d’interroger l’absence d’un père et de sensibiliser à la différence. La narration est intéressante car elle prête la parole aux quatre protagonistes – Ursule, Anastabotte, Verte et Soufi, dans l’ordre – et, ce faisant, elle permet au lecteur de relire l’histoire au travers de quatre parcours distincts et de quatre sensibilités différentes. Je n’ai pas grand-chose à dire sur l’écriture qui n’est au demeurant pas dénuée d’humour ; relativement simple, elle conviendra sans problème aux 9-11 ans.
L’œuvre en quelques mots…
« Elle aurait pu faire l'effort de m'appeler Violette. Mais non, il a fallu qu'elle choisisse Verte. Quelquefois j'ai envie de l'attaquer en justice. Mais quelquefois je l'aime et j'ai envie de lui offrir des vacances de rêve à Honolulu. Rien n'est plus fatigant qu'une mère. Etant entendu que je ne sais pas ce que c'est qu'un père. » (p.89)