Rupi Kaur, Lait et miel
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voici le voyage d'une
survie grâce à la poésie
voici mes larmes, ma sueur et mon sang
de vingt et un ans
voici mon cœur
dans tes mains
voici la blessure
l'amour
la rupture
la guérison
- rupi kaur –
J’étais très curieuse de découvrir l’univers de Rupi Kaur que l’on présente comme l’une des voix féminines marquantes du XXIe siècle et que j’ai croisée – du moins son premier recueil, Lait et miel – à de nombreuses reprises sur blogs littéraires et autres réseaux sociaux dédiés à la littérature. C’est sur Instagram qu’elle s’est fait connaître en publiant des poèmes nés de son expérience personnelle. Il y est question, entre autres, de violence, d’amour, de révolte, de liberté, de confiance en soi. Une particularité formelle rend son œuvre singulière : chaque texte est écrit en minuscule, ce qui constitue un hommage à sa langue maternelle. Rupi Kaur est en effet née en Inde, avec de s’installer, dès l’âge de quatre ans, au Canada. Lait et miel est divisé en quatre parties intitulées « souffrir », « aimer », « rompre », « guérir ». La première partie aborde le douloureux sujet des violences sexuelles. L’adulte tient la main de l’enfant qu’elle a été et se remémore, dissèque et condamne les abus qui ont blessé sa chair et son âme. La deuxième partie évoque une forme de reconstruction qui présente elle aussi ses difficultés, dans la complexité même des rapports qui unissent un homme et une femme. Mais l’amour, éphémère, laisse place à la rupture et à la troisième partie où tristesse, regret et rancœur se mêlent jusqu’à la quatrième partie, plus apaisée et pleine d’espoir. C’est cette section que j’ai – et de loin – préférée. La force de Lait et miel c’est que l’écriture y est un exutoire, voire même une thérapie et, même s’il y a des maladresses, des passages moins convaincants, on sent la nécessité qu’il y a eu à écrire chacune de ces lignes. Ça n’en fait pas un recueil incontournable, ça en fait un recueil intéressant. Et c’est déjà très bien, à mon humble avis.
L’œuvre en quelques mots…
« c’est ton sang
dans mes veines
dis-moi comment je suis
censée oublier » (p.16)
« c’est ta voix
qui me déshabille » (p.71)
« je ne suis pas partie
parce que j’ai cessé de t’aimer
je suis partie parce que
plus je restais moins
je m’aimais » (p.99)
« tombe
amoureuse
de ta solitude » (p.165)