Grégoire Delacourt, Mon père
/image%2F1498811%2F20210131%2Fob_e2e075_gregoire-delacourt-mon-pere.jpg)
« Au recto. Un lac d'un bleu d'encre qui donne envie de s'y baigner. Au verso. A droite, dans la partie réservée au destinataire, il est juste écrit : Papa, et mon adresse. A gauche, trois mots, qui semblent chuter : Viens me chercher. »
Je me suis toujours demandé ce que je ferais si quelqu'un attentait à l'un de mes enfants. Quel père alors je serais. Quelle force, quelle faiblesse. Et tandis que je cherchais la réponse, une autre question a surgi : sommes-nous capables de protéger nos fils ? G.D.
Roman lu le premier jour de l’année et, comme vous pouvez le constater, j’ai tardé à rédiger mon avis. Il faut dire que, trente jours plus tard, je suis toujours incapable de dire si j’ai véritablement aimé ce texte ou non. Je lui trouve cependant plus de points positifs que de points négatifs, et je lui concède une force qui est toujours appréciable en littérature, mais, en tant que lectrice, je me suis sentie un peu déboussolée par la manière dont le sujet a été traité. Le titre, polysémique, renvoie aussi bien à la paternité qu’à la religion. Le père s’appelle Edouard et il entre dans une église, armé d’un désespoir et d’une rage absolus, pour comprendre comment la vie de son fils, Benjamin, a pu être brisée, pour comprendre comment cet enfant dont il croyait être le guide et le protecteur a pu tomber entre les mains d’un monstre. Dans cette église, se trouve un autre père, un homme de Dieu, qui a abusé sexuellement de Benjamin. La confrontation est violente, presque dérangeante. On partage la colère du père, on le plaint, on se demande si la méthode est la bonne, on apprécie ou on déteste le fil directeur que constitue l’histoire d’Abraham et d’Isaac, on s’interroge sur les motivations de l’auteur – qui explore là un terrain très éloigné de ce qu’il fait habituellement – mais, en tout cas, on réfléchit. Et on se dit qu’un roman qui dénonce de telles atrocités est toujours bon à prendre.
L’œuvre en quelques mots…
« J'étais ravi pour lui que le patriarche s'en fût allé retrouver sa maison, sa femme et ses amis, mais qu'était devenu Isaac ? Où était-il passé ?
Il avait disparu.
On s'était servi d'un enfant, on l'avait jeté comme un jouet cassé, comme une défaite, et j'avais franchement trouvé ça injuste et le père catéchiste m'avait franchement trouvé excessif : « C'est une parabole, Edouard, à la manière d'une devinette, tu dois essayer de comprendre ce qu'elle signifie. »
Je m'étais donc tu et j'avais essayé de comprendre pourquoi le silence raconte toujours une immense souffrance, et pourquoi il est tellement difficile de le briser. »
« On finit par devenir ce que nos parents ont de cassé en eux. »
« [...] le silence est le seul refuge des enfants quand ceux qui devaient inconditionnellement vous aimer vous ont trahi. »