Eva Kavian, Premier chagrin
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Sophie s'apprête à faire son premier baby-sitting. Quelle surprise lorsqu'elle découvre que c'est une grand-mère et non une jeune maman qui a posé l'annonce. À partir de ce moment, rien ne se passe comme prévu, et la vie de Sophie va en être bouleversée.
J’imagine que vous avez, vous aussi, des romans qui se trouvent dans votre bibliothèque depuis tant d’années que vous n’y prêtez même plus attention. J’en ai un certain nombre et je vais essayer, cette année, de me tourner régulièrement vers ces « oubliés ». J’ai notamment à disposition un certain nombre de romans jeunesse assez courts qu’il me sera sans doute agréable de lire entre deux pavés.
Bref, c’est avec cette idée en tête que j’ai pris sur une de mes étagères Premier chagrin d’Eva Kavian et cela a été une belle surprise. Ce roman qui ne payait pas de mine est en réalité un beau récit mêlant les générations : Sophie, la narratrice, est une adolescente de quatorze ans qui, alors qu’elle cherche à obtenir une place de baby-sitter sans avoir la moindre expérience dans ce domaine, fait la rencontre de Mouche, une vieille dame. Celle-ci a besoin d’elle pour s’occuper de ses petits-enfants lors de leurs visites. En réalité, il s’avère que Mouche est malade et va mourir. Sophie, dont le père vit en Suisse et qui a des relations parfois compliquées avec sa mère, accepte d’aider la vieille dame. Les premiers échanges et les premiers jours passés ensemble sont un enrichissement… mais également une source d’interrogations car le temps file et aucun membre de la famille ne semble décider à pointer le bout de son nez...
Eva Kavian réussit le pari d’offrir un roman extrêmement émouvant sans qu'il ne soit une seule seconde larmoyant. Il y a de la légèreté dans ce texte, beaucoup, n’oublions pas qu’il s’agit d’un roman jeunesse, mais aussi un terreau propice à une réflexion très sérieuse sur les rapports familiaux, les erreurs passées, la capacité à oublier et pardonner, problématiques dans lesquelles Mouche et Sophie se retrouvent et se reflètent, miroirs intergénérationnels que le hasard a mis face à face. Tandis que Mouche s’éteint, Sophie grandit. Il y est, forcément, énormément question de la fin de vie, des derniers jours solitaires, des mains tenues et de la mort dans sa dimension la plus matérielle. Et tout cela est évoqué avec beaucoup de douceur. Une belle réussite !
L’œuvre en quelques mots…
« Peut-on être honnête avec quelqu’un qui va mourir ? N’est-il pas mieux de lui dire des choses qui lui font plaisir ? » (p.26)
« Je ne me sentais pas du tout à la hauteur, mais une des phrases de Maman m'est venue à l'esprit, quand Mouche a demandé ma réponse : les obstacles qui se posent devant nous sont à la hauteur de ce que nous sommes. » (p.41)
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