Xabi Molia, Des jours sauvages
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Tandis qu’une grippe foudroyante ravage l’Europe, une centaine de personnes montent à bord d’un ferry pour fuir le continent. Pris dans une tempête, les passagers font naufrage sur une île inconnue. Il faut construire un radeau pour repartir. Mais certains prennent goût à cette vie nouvelle. Ils veulent rester, et protéger à tout prix le secret de leur présence ici.
Un conflit couve, les passions s’exacerbent. Alors que sera bientôt commis l’irréparable, le ciel et l’horizon demeurent vides : sont-ils les derniers survivants ?
D’abord, je n’ai vu que cette couverture magnifique, sans savoir de quoi il était question. Un titre que je n’avais pas encore rencontré sur les réseaux sociaux, un auteur qui m’était inconnu et puis l’esquisse d’un contenu en quatrième de couverture. Je parle d’esquisse car j’ai fait un tri involontaire en découvrant le résumé, j’ai laissé de côté cette « grippe foudroyante » annoncée dès la première ligne et je me suis focalisée sur l’ancrage du roman dans ce que l’on a l’habitude de nommer la littérature insulaire.
Le début de ma lecture a été, je dois bien le reconnaître, assez chaotique. Je n’ai fait que grappiller quelques pages par-ci par-là, n’arrivant pas vraiment à fixer mon attention, peinant à comprendre où l’auteur me menait et quels personnages étaient dignes d’intérêt, j’ai d’ailleurs lu depuis que cette multitude de personnages avait été un frein pour beaucoup de lecteurs. Et le miracle s’est produit, je ne sais plus trop à quel moment, c’est peut-être aussi ça la magie de la lecture, mais il s’est produit et il m’a été bien difficile alors de me détacher de ce roman. Construit en trois parties dont chacune se concentre sur un personnage lié aux deux autres, Des jours sauvages est un récit de naufragés mêlant aventure et expérience sociale qui s’ouvre sur l’affrontement de deux groupes : ceux qui souhaitent quitter l’île, les Partants, et ceux qui souhaitent y rester, les Saboteurs. La capacité de l’homme à vivre dans un espace restreint, le retour à l’état de nature, l’adaptabilité de chacun dans un groupe constitué d’hommes et de femmes aux aspirations différentes sont autant de questions posées. L’homme y est vu dans toute sa noirceur mais aussi dans sa capacité à pardonner. C’est vraiment très bien écrit, cela ne fait aucun doute, c’est même de plus en plus convaincant au fur et à mesure que l’on progresse dans le roman. La fin m’a beaucoup plu, je la trouve très intelligente.
Je remercie chaleureusement Babelio et les Editions du Seuil pour cette lecture !
L’œuvre en quelques mots…
« Ils devenaient des hommes nouveaux à une vitesse qui dépassait leurs prévisions. La langue s'effaçait comme un château de sable s'érode vague après vague. Eliorriaga avait compris que c'était elle l'ennemie. Tant qu'ils la parleraient, ils seraient parlés par elle, ils resteraient des hommes d'avant. Alors ils étaient descendus à dix mots quotidien, ils avaient même supprimé les verbes et à présent que les mots disparaissaient des impressions nouvelles fourmillaient. Leur nez, leur peau, leurs yeux se gorgeaient de détails. »