Simon, Angkor, le sourire du temps

Publié le par calypso

 

Quand Simon débarque à Angkor, en 2013, il ne s'attend pas à une telle émotion. « Il est insensé qu'un pareil tas de gravats puisse rendre aussi heureux. » Il découvre dans la cité hydraulique un « point d'équilibre parfait entre le spirituel et le sensuel » mais il soupçonne aussi la civilisation angkorienne de nous tendre le miroir de notre propre époque. Aussi adresse-t-il à sa fille une poignante lettre ouverte : allons-nous saccager notre écosystème et nous effondrer comme s'effondra l'empire Khmer ? Simon, quand il aime un lieu, y bâtit une histoire longue. Angkor est une passion française. Elle devient la sienne. Il retourne plusieurs semaines à Angkor avec ses élèves, puis sa famille, enfin avec son ami le poète Patrick Dufossé. Quatre voyages où, dans sa quête inlassable d'un « voyage intégral », Simon dessine, peint, écrit, réinvente Angkor avec une totale liberté de ton. Angkor, le sourire du temps est sans nul doute un livre de peintre : « Je veux revitaliser Angkor par la couleur », écrit-il. Il nous livre, sur des papiers végétaux, une vision éblouissante et inattendue des ruines khmères. Amoureux comme Simon des arbres et des pierres, Patrick Dufossé enrichit de ses poèmes le feuillage du livre, conjuguant art, conscience écologique et poétique.

 

Angkor, le sourire du temps est un carnet de voyage de 111 pages qui retrace la rencontre du peintre Simon avec l’ancienne cité khmer ainsi que les trois retrouvailles qui ont suivi. De 2013 à 2018, l’artiste a en effet déambulé entre les édifices composant l’ensemble architectural d’Angkor, ses pinceaux et ses encres à la main, l’œil toujours ouvert aux découvertes et jamais lassé de la beauté des lieux.

Le carnet est divisé en quatre parties, chacune correspondant à l’un des périples effectués : Pékin-Angkor, voyage 1 - décembre 2013 ; Ensemble, voyage 2 - février 2015 ; Etreinte, voyage 3 - février 2017 ; Encore, voyage 4 - juillet 2018. Simon prend soin de nous expliquer au début de chaque partie les circonstances de son voyage et de nous présenter ses compagnons de route, ses élèves par exemple pour le voyage 2 ou encore son « amie de marche et de poésie », Patrick, pour le voyage 4. Le voyage 1 est, en terme d’écrit, essentiellement consacré à une « Lettre à ma fille » où l’on peut lire les convictions écologistes du peintre-voyageur. La partie 4 quant à elle expose la plume de Patrick et se présente sous la forme d’une succession de poèmes : le peintre et le poète ont œuvré ensemble lors du quatrième voyage et ont lié leurs émotions l’un à travers les images, l’autre à travers les mots. J’ai trouvé l’ensemble de l’album intéressant, les textes agréables à lire et, surtout, les dessins absolument magnifiques : encre, fusain, sanguine, gouache, aquarelle, feutre, collage, les techniques utilisées sont très diverses et offrent toutes une vision poétique et sensible d’Angkor à travers de nombreux tableaux. La sieste des ouvriers côtoie les villages sur pilotis du Tonlé Sap, la frénésie des scooters et mobylettes se mêle au mythique Ta Prohm, les arbres ancestraux se fondent dans les ruines tandis que les souvenirs de photographies longuement contemplées refont surface et prennent vie sous le pinceau de l’artiste.

 

Un grand merci à Babelio et aux Editions Akinomé pour cette belle découverte !

Et un immense merci à Simon pour l’aquarelle qui orne désormais la première page de ce carnet de voyage qui m’accompagnera jusqu’à ma propre découverte d’Angkor… un de mes plus grands rêves de voyageuse.

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« On peut passer des heures dans le Bayon, des jours, dehors, dedans, frôlant de l’œil ces bas-reliefs au grain doux, cette semoule pétrifiée de scènes familières, de batailles, ici, là, sous le miracle khmer d’un ciel bleu souriant, on peut s’y prélasser ou s’y promener, d’une sérénité soudain illimitée… Je parcours cette énorme sculpture de sourires avec le sentiment humble que cette utopie concrétisée affirme : le divin est en nous. Les sourires du Bayon exigent juste un souverain abandon. » (p.94)

 

Publié dans Autres

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article