Cent poèmes de Victor Hugo

Au-delà de nos souvenirs de récitation d'enfance, nous avons ardemment souhaité qu'au fil des pages revive l'homme - l'homme dont les poèmes sont le miroir des émotions sur toute la gamme des sentiments qu'il vécut : des premiers émois amoureux dans une Espagne vibrante de sensualité aux larmes du deuil, quand meurt sa fille Léopoldine, en passant par les poèmes pour les heures gaies. Ce choix n'est pas seulement celui des plus beaux poèmes de Hugo. Il est également la biographie poétique d'un être exceptionnel qui communiquait avec toutes celles et tous ceux qui l'approchaient, dans un élan charismatique intense. C'est le journal de bord en vers et en couleur d'un homme qui communiquait aussi avec les fleurs, les oiseaux, l'Océan, les clochers des cathédrales et les plus humbles objets parce qu'il avait le don insigne de tout créditer d'une âme.
Il est difficile d’émettre un avis sur un tel ouvrage car on ne sait jamais trop bien s’il faut juger le contenu ou la forme, les poèmes de Victor Hugo eux-mêmes ou les choix éditoriaux. Je vais partir dans la deuxième direction… Il est clairement annoncé en quatrième de couverture une « biographie poétique » ; de fait, la sélection qui est présentée met bien en avant l’étendue des thématiques chères à l’écrivain et parcourt les moments clés de son existence. La peinture de la misère sociale côtoie la douloureuse expérience d’un père confronté au décès de sa fille, souffrance qui ponctuellement laisse place à la joie d’être grand-père, quand les poèmes ne sont pas ternis par la figure de Louis Napoléon Bonaparte et l’exil. Une présentation assez simpliste, mais Hugo, tout le monde connaît. On peut néanmoins s’interroger sur le choix de ne pas avoir présenté les poèmes dans l’ordre chronologique, ce qui aurait naturellement mis en lumière ce choix axé sur la « biographie ». Mais ce n’est pas ce qui m’a dérangée le plus, à vrai dire. Si l’objet est très agréable à manipuler et la disposition des différentes poèmes plutôt réussie, il est un parti pris qui m’a un peu déroutée, celui des photographies accompagnant les textes. Elles sont en noir et blanc, certes, mais l’harmonie avec les textes n’est pas toujours évidente. Trop modernes, à mon goût. Une manière, peut-être, de dire que les poèmes de Victor Hugo résonnent encore ?...
Je remercie Babelio et les Editions Omnibus qui m'ont fait parvenir ce livre !
L’œuvre en quelques mots…
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
(3 septembre 1847)