Ingrid Thobois, La Confiance règne

Leïla mord la vie à pleines dents, adore la piscine et les lasagnes, tombe amoureuse comme elle respire, est abonnée à Psycho Magazine, croit mourir de douleur le lundi et s'étouffe de rire le mardi. Vivant chaque seconde avec l'intensité de ses seize ans, à la vie à la mort et ayant tout oublié le quart d'heure suivant, Leïla ne cesse de se relancer dans le tourbillon de l'existence, et tant pis si ça laisse parfois des bleus.
C’est évident, ce roman est très bien écrit. Un style incisif et bourré d’humour que j’ai vraiment beaucoup apprécié. Un style tout à fait en adéquation avec le personnage principal, Leïla : l’adolescente prend la vie à la légère, ne mesure pas les risques, craque au moindre regard masculin, voudrait se détacher un peu de ses parents, a bien du mal à faire face aux problèmes qui peuvent se présenter, aime les tests des magazines, a des amis, se dispute avec eux, s’en fait d’autres… Bref, elle a seize ans !
Les anecdotes sont souvent savoureuses, mais voilà, j’ai compris après quelques chapitres que l’aspect décousu du roman allait durer jusqu’à la fin et ça, c’est une déception. A vrai dire, je m’attendais à quelque chose de différent dans la forme, quand bien même l’éditeur fait mention de « tranches de vie » sur son site. De fait, le changement de narrateur (que j’apprécie en général) m’a perturbée car rien ne l’annonçait. Cette confusion dans la narration est également perceptible dans les thèmes abordés par le récit. Certes, une adolescente peut vivre des tas et des tas de situations différentes en une année, mais honnêtement, ça part un peu dans tous les sens. A aucun moment, il n’est pas question de s’appesantir sur l’une des difficultés vécues par Leïla (la sexualité, la religion, la mort…), elles sont évoquées en surface et restent à l’état de prétextes. C’est vraiment dommage car il y avait de quoi faire un excellent roman jeunesse, en se concentrant uniquement sur une ou deux problématiques. Celle du meilleur ami par exemple…
L’œuvre en quelques mots…
« J'ai toujours aimé les chiens : tellement plus francs du collier, l'indicateur des battements de queue fiable à 100%. Il n'y a rien de compliqué avec un chien, jamais. Ça a faim, soif, c'est content, pas content , ça veut aller en promenade, faire ses besoins, ça a peur de l'orage, ça a envie de jouer, ça aime ou ça n'aime pas quelqu'un. Un chien, ça repose des humains... et des garçons. » (p.28)
