Khaled Hosseini, Les Cerfs-volants de Kaboul

Dans les années 70 à Kaboul, le petit Amir, fils d’un riche commerçant pachtoun, partage son enfance avec son serviteur Hassan, jeune chiite condamné pour ses origines à exécuter les tâches les plus viles. Liés par une indéfectible passion pour les cerfs-volants, les garçons grandissent heureux dans une cité ouverte et accueillante. Ni la différence de leur condition ni les railleries des camarades n’entament leur amitié. Jusqu’au jour où Amir commet la pire des lâchetés… Eté 2001. Réfugié depuis plusieurs années aux Etats-Unis, Amir reçoit un appel du Pakistan. « Il existe un moyen de te racheter », lui annonce la voix au bout du fil. Mais ce moyen passe par une plongée au cœur de l’Afghanistan des talibans… et de son propre passé.
C’est un chef d’œuvre. C’est un coup de cœur. Je ne voulais pas écrire de billet tant ce roman m’a véritablement laissée sans voix mais je ressens maintenant le besoin impérieux de crier sur tous les toits à quel point j’ai aimé cette histoire. C’est d’une tristesse absolue. C’est toute la tragédie d’une vie couchée sur le papier, et cette fois-ci, les dieux n’y sont pour rien. L’homme est seul responsable. L’homme et ses défauts. Le mensonge et la honte en première ligne. En toile de fond, la cruauté, la barbarie. Du début à la fin, une réussite. La description de la vie à Kaboul dans les années 70 est absolument fascinante, le lien précieux entre le jeune Amir et son acolyte Hassan promet dès les premières lignes de belles émotions. On sent la poussière des rues et la chaleur d’un ciel dont le bleu est constellé de taches colorées, cerfs-volants chéris par la jeunesse afghane. C’est comme si on y était. Puis, le drame. L’impensable pour deux êtres qui sont brusquement privés de leur enfance. Les non-dits et les remords. Ils sont là, sous la peau, dans le cœur et l’esprit, fantômes tenaces qui viennent hanter notre personnage principal jusqu’à la fin du roman, jusqu’à ce que la vie lui offre une chance de se racheter, jusqu’à ce que l’erreur commise des années auparavant soit réparée, jusqu’à ce qu’un autre cerf-volant vienne colorer un autre ciel. Quelle histoire ! J’en suis encore bouleversée.
L’œuvre en quelques mots…
« Je suis devenu ce que je suis aujourd'hui à l'âge de douze ans, par un jour glacial et nuageux de l'hiver 1975. Je revois encore cet instant précis où, tapi derrière le mur de terre à demi éboulé, j'ai jeté un regard furtif dans l'impasse située près du ruisseau gelé. La scène date d'il y a longtemps mais, je le sais maintenant, c'est une erreur d'affirmer que l'on peut enterrer le passé : il s'accroche tant et si bien qu'il remonte toujours à la surface. Quand je regarde en arrière, je me rends compte que je n'ai cessé de fixer cette ruelle déserte depuis vingt-ans. »
« Pour moi, les Etats-Unis représentaient un pays où enterrer mes souvenirs. »
« En refermant la porte, je me demandai si c’était ainsi que naissait le pardon – non en fanfare à l’occasion d’une épiphanie, mais à partir du moment où la douleur rassemblait ses affaires et pliait discrètement bagage au milieu de la nuit. »