Amin Zaoui, L'Enfant de l'oeuf

Cette histoire est racontée par le chien Harys et son maître, Moul. Harys aime Moul, il aime ses chaussettes puantes, son haleine chargée de vin et sa voix quand il chante Bécaud. Tous deux vivent à Alger et son maître a pour maîtresse Lara, une chrétienne réfugiée de Damas, au corps vibrant de désir et à l’âme bouleversée par la guerre.
Dans une Algérie rongée par l’islamisme des charlatans, Moul incarne la volonté de vivre et de penser, au prix d’une solitude qui peu à peu se referme sur lui.
C’est un roman surprenant, par son propos et sa forme. Plus qu’un roman d’ailleurs, il s’agit en réalité d’une série de petites anecdotes racontées par deux narrateurs, un Algérien quelque peu solitaire, Moul, et son fidèle compagnon, Harys. C’est surtout pour ce dernier choix que j’ai choisi de découvrir ce livre, sans trop savoir à quoi m’attendre. Les passages qui adoptent le point de vue de Harys sont assez souvent savoureux et drôles, on en oublierait presque qu’il marche à quatre pattes et qu’il fait ses besoins sur des journaux déposés sur le balcon par son maître. Moul est plus contrasté, c’est sans doute tout à fait normal et, si j’ai trouvé certains passages intéressants, d’autres m’ont laissée complètement en marge. Il faut dire que le bandeau présent sur le livre annonce « Sade en liberté à Alger » et je ne l’avais pas vu venir en sélectionnant le livre. Alors… Sade, c’est peut-être un peu fort, mais des scènes crues sont bien présentes et elles ne m’ont pas spécialement enthousiasmée. De fait, il est assez difficile pour moi de porter un jugement sur ce livre car j’ai l’impression de ne pas l’avoir apprécié à sa juste valeur. Mais je dois toutefois dire que j’ai beaucoup aimé la fin, que j’espère avoir comprise, même si un doute subsiste encore dans mon esprit !
Merci à Babelio et aux Editions du Serpent à plumes pour cette découverte !
L’œuvre en quelques mots…
« Moi je n’aime pas l’eau de la pluie. Dès qu’il commence à pleuvoir, j’imagine Dieu dans ses cieux en train de pisser sur nous ou de pleurer à cause des bêtises humaines commises sur cette terre : les guerres, les haines, les infidélités. Et je deviens triste. Sombre, je ne bouge pas de mon tapis. J’ai de la peine pour le Créateur, qui a fait en six jours ce magnifique univers pour des mécréants. Les hommes sont méchants et ingrats envers le Créateur.
Hormis les chiens, toutes les autres créatures sont infidèles. Impropres. » (p.30)
« Moi aussi avant de retrouver Harys comme compagnon attentif et fidèle, après que Farida a pris le chemin de la rupture, je me sentais seul, solitaire, isolé comme sur une île vide. L’île habite ma tête. Je ne suis pas Robinson. Je ne suis pas non plus Vendredi. Mais parce que Harys ne s’est jamais comporté comme mon serviteur, au fur et à mesure de notre vie commune, je sens que c’est à moi de jouer le rôle de Vendredi et aisément Harys se glisse dans la peau de Robinson. » (p.158)