R. J. Ellory, Seul le silence
Joseph a douze ans lorsqu'il découvre dans son village de Géorgie le corps d'une fillette assassinée. Une des premières victimes d'une longue série de crimes.
Des années plus tard, alors que l'affaire semble enfin élucidée, Joseph s'installe à New York. Mais, de nouveau, les meurtres d'enfants se multiplient.
Pour exorciser ses démons, Joseph part à la recherche de ce tueur qui le hante.
C’est terrible. Terrible. Mais magnifique. Cette esthétique de la noirceur...
C’est toute l’âpreté du destin portée à son paroxysme. Comme si tout ce qu’il y a de plus sombre dans l’homme avait été placé sur le chemin de Joseph Vaughan pour ne plus jamais s’en détourner. Lui n’a rien demandé à personne. Il est juste né à Augusta Falls. Qui aurait pu croire ? C’est un enfant. Il veut écouter son institutrice, encore et encore. Et écrire. Il est doué. Mais voilà qu’on découvre des fillettes assassinées. Le mot est trop faible et ne rend pas compte de la violence des actes commis. Et les meurtres se succèdent. Et la police piétine. Et Joseph, lui qui a découvert un des corps, se donne pour mission de protéger les fillettes du coin et crée avec ses copains les « Anges gardiens ». C’est un échec. L’échec d’une vie. Jamais il ne se le pardonnera. Il y a cet homme qui poursuit son entreprise dans des états voisins et ces anges qui tombent tels des plumes et qui ne cessent de hanter Joseph. Il faut pourtant construire et reconstruire, laisser entrer un peu de lumière, accueillir les moments de bonheur. Ecrire, peut-être. Tout passe par les mots silencieux. Mais le sort s’acharne sur notre héros et lui arrache ce qu’il a de plus cher. Il est une compagne qui pourtant sera là jusqu’au bout, présente à ses côtés, tapie dans l’ombre, cette recherche nécessaire, douloureuse et vitale de la vérité.
Magistral !
L’œuvre en quelques mots…
« La solitude est une drogue, un narcotique ; elle se répand dans les veines, dans les nerfs et les muscles ; elle s'arroge le droit de posséder votre corps et votre esprit. L'isolement et la solitude sont des murs.
Alexandra Weber venait voir ce que j'avais écrit sur ces murs, et même si je croyais qu'il n'y avait pas de porte, elle en avait trouvé une.
Je décidai de reculer paisiblement et la laissai entrer. »
« Peut-être est-il des cicatrices – sur l'esprit, sur le cœur – qui ne se referment jamais. Peut-être est-il des mots qui ne peuvent jamais être prononcés, ni chuchotés, des mots qu'il faut écrire sur une feuille de papier que l'on plie pour en faire un bateau qui voguera sur un ruisseau pour se faire avaler par les vagues. Peut-être est-il des ombres qui vous hantent à jamais, qui viennent se serrer contre vous dans ces moments d'intime obscurité, et vous seul pouvez reconnaître les visages qu'elles revêtent, car ce sont des ombres, les ombres de vos pêchés, et nul exorcisme terrestre ne peut les chasser. Peut-être ne sommes-nous pas si forts que ça en fin de compte. Peut-être mentons-nous au monde, et en mentant au monde nous mentons à nous-mêmes. »
« Je ne sais pas comment on peut perdre tant de gens et continuer de croire en la bonté fondamentale de l’être humain. »