Nicola Yoon, Everything, Everything
Ma maladie est aussi rare que célèbre, mais vous la connaissez sans doute sous le nom de « maladie de l'enfant-bulle ». En gros, je suis allergique au monde. Je viens d'avoir dix-huit ans, et je n'ai jamais mis un pied dehors. Un jour, un camion de déménagement arrive. Je regarde par la fenêtre et je le vois. Le fils des nouveaux voisins est grand, mince et habillé tout en noir. Il remarque que je l'observe, et nos yeux se croisent pour la première fois. Dans la vie, on ne peut pas tout prévoir, mais on peut prévoir certaines choses. Par exemple, je vais certainement tomber amoureuse de lui. Et ce sera certainement un désastre.
Je ne savais rien de ce livre. Je n’avais rien lu à son sujet, je ne l’avais même pas croisé sur les rayons des librairies ou sur les blogs… Je suis simplement tombée dessus en cherchant une liste des adaptations cinématographiques de 2017. J’aime cette part de hasard qui nous guide vers un roman et qui nous permet de le découvrir sans aucun a priori.
Everything, Everything, c’est l’histoire de Madeline, Maddy pour les intimes, une adolescente presque femme de 18 ans qui est atteinte de DICS (Déficit immunitaire combiné sévère), plus communément appelé « maladie de l’enfant bulle ». Elle n’a jamais quitté sa maison. Jamais. Sa maladie a été diagnostiquée lorsqu’elle n’était âgée que de quelques mois et sa mère, médecin, s’occupe d’elle depuis, secondée par une infirmière, Clara. Maddy a parfaitement intégré qu’un seul pas dehors est susceptible de la tuer. Alors, parce qu’il faut vivre malgré tout, elle a instauré avec sa mère des petits rituels qui soudent leurs liens et, tandis que la mère est au travail, la fille passe ses journées à dévorer des romans et à suivre des cours en ligne. Mais voilà qu’un jour de nouveaux voisins font leur apparition et le fils, Olly, aperçu à travers la fenêtre de sa chambre, ne quitte plus les pensées de notre héroïne…
Tout au long de cette lecture, je n’ai pas pu m’empêcher de penser : « Quand même, égaler Nos étoiles contraires va être difficile ! » Les points communs avec le roman de John Green me semblent assez évidents, à commencer par la cible puisque le roman est classé dans la catégorie Young adult. Après les vampires et les dystopies, serions-nous face à une vague d’héroïnes malades prêtes à tomber amoureuse au moindre battement de cils ? Le schéma est le même, on en vient à se demander s’il n’y a pas une liste d’étapes incontournables : maladie > tiens, qui est ce jeune homme ? > espoir > désespoir > petit voyage aux frais de la princesse > re-maladie ! Au passage, l’étape « voyage » est tellement soudaine que j’ai trouvé ça un peu gros… Franchement, ce qui sauve le roman, c’est qu’il ne prend finalement pas du tout la même direction que Nos étoiles contraires, mais cet « écart » arrive un peu tard à mon goût. Cela dit, il faut reconnaître que c’est une réussite car on ne s’y attend pas du tout. L’autre point positif c’est que c’est un roman très agréable à lire et qui n’est pas dénué d’humour. Il y a quelques chapitres qui sont composés de petits dessins assez drôles. J’entends d’ailleurs les adolescents s’écrier : « Chouette, des images ! » Alors, à lire ou pas ? Si l'on apprécie de lire des romans destinés aux adolescents, oui. Vraiment, je me mets à leur place et je suis à peu près certaine que ce roman peut leur plaire. Sans doute plus aux filles qu’aux garçons, comme toujours quand il est question d’amour !
L’œuvre en quelques mots…
« Peut-être qu'on ne peut pas tout prévoir, mais on peut prévoir certaines choses. Par exemple, je vais certainement tomber amoureuse d'Olly.
Et ce sera certainement une catastrophe. »
« J’examine ma chambre blanche autour de moi, mon canapé blanc, mes étagères blanches, mes murs blancs, ces choses si sûres, familières et immuables.
Je pense à Olly, qui doit m’attendre, transi de froid après sa décontamination. Il est tout le contraire. Pas sûr. Pas familier. Toujours en mouvement.
Il est le plus grand risque que j’aie jamais pris. »
« Il m’arrive de relire mes romans préférés en partant de la fin. Je commence par le dernier chapitre, et je lis à rebours jusqu’au premier.
Quand on lit de cette manière, les personnages vont de l’espoir vers le désespoir, de la connaissance de soi vers le doute. Dans les histoires d’amour, les couples sont d’abord amants, avant de devenir des étrangers. Les récits d’initiation se transforment en récits d’égarement. Des personnages reviennent même à la vie.
Si ma vie était un roman qu’on lisait à l’envers, rien ne changerait. Aujourd’hui est pareil à hier, demain sera pareil à aujourd’hui. Dans Le Livre de Maddy, tous les chapitres se ressembleraient.
Jusqu’à l’arrivée d’Olly. »