Steve Mosby, Ceux qu'on aime
Vous laissez un message à l'un de vos proches. Il ne vous répond que par mail ou par SMS. Vous ne vous inquiétez pas. Imagineriez-vous une seconde que ce n'est pas lui qui vous écrit, mais son bourreau, qui le tient séquestré, privé d'eau et de nourriture ? C'est pourtant le mode opératoire d'un tueur en série qui s'attaque à des jeunes femmes célibataires, endosse leur identité pour mieux les condamner...
Un sur deux, le premier roman de Steve Mosby repéré sur certains blogs, me tentait bien. Alors quand Livraddict a proposé à ses membres un partenariat avec les Editions Points pour découvrir Ceux qu’on aime, j’ai sauté sur l’occasion. Il s’agit là du deuxième roman de l’auteur. Certains jeunes auteurs ont vraiment du talent et cela nous promet encore de belles lectures. Je remercie donc chaleureusement la maison d’éditions et Livraddict !
Si le début du roman a pu dérouter certains lecteurs, je dois reconnaître qu’il m’a enchantée ! J’adore, avec les thrillers, ne pas savoir où je vais. Le prologue nous présente la première victime de ce qui semble être un tueur en série. Sa méthode : prendre au piège des jeunes femmes, les attacher sur leur lit, ne pas les nourrir ni leur donner à boire, et les maintenir ainsi jusqu’à ce que mort s’en suive. Pendant ce temps, la famille et les amis de ces dernières ne se doutent de rien puisque le tueur prend soin d’envoyer sms et mails rassurants aux proches des victimes. Ce prologue est incroyablement bien écrit et est à couper le souffle. Impossible de reposer le roman après de telles pages… Et c’est alors que nous faisons connaissance avec les différents personnages du roman. Les premiers chapitres ont pu paraitre laborieux à certains car il est parfois difficile de suivre le fil. Mais c’est justement cette succession de présentations qui m’a plu : comme le policier qui devra résoudre l’enquête, nous devons, nous, lecteurs, tisser la toile qui relie des personnages qui ne nous semblent pas, à première vue, avoir de rapport les uns avec les autres. De même, le roman est fondé sur un jeu narratif intéressant : l’alternance narrateur externe/narrateur interne. Ce narrateur interne, c’est Dave Lewis. Un homme tout ce qu’il y a de plus banal. Ce qui le caractérise : ses relations « compliquées » avec les femmes et le fait qu’il soit prestidigitateur. Nous suivons son parcours et comprenons peu à peu le rôle essentiel qu’il a dans l’histoire : il a vécu une histoire avec chacune des victimes. Hanté par la mort de son frère lorsqu’il était enfant, Dave est un personnage attachant, tout comme l’est Sam Currie, le flic chargé de l’enquête, un homme qui a lui aussi vécu la perte d’un proche, en l’occurrence Neil, son fils de 19 ans, deux ans avant l’enquête. Chacun vivra l’enquête de son côté mais tous deux feront en sorte de faire cesser ces crimes odieux. Entre eux deux, des personnages plus ou moins étranges : Tori, une ex de Dave, battue par son petit ami Edward Barries ; Mary une jeune femme dépressive persuadée que son père, Frank Caroll, ex-flic et ex-tolard, est le meurtrier recherché ; Rob, l’ami fidèle de Dave ; Thom Stanley, un médium malhonnête… Le dénouement, brutal, m’a paru assez confus, mais l’auteur, par l’intermédiaire de Sam Currie, prend soin d’expliquer, dans les dernières pages, le fin mot de toute l’histoire. Ce dénouement d’ailleurs, je ne l’ai pas vu venir et j’ai bien du mal à comprendre comment certains ont pu y parvenir…
Un bon thriller que je recommande donc ! Et je me dis que, décidément, j’aime beaucoup les thrillers…
L’œuvre en quelques mots…
« Maintenant qu’il courait dans l’allée, il repensa au coup de fil qu’il venait de recevoir. Le numéro qui était apparu sur l’écran du portable était celui d’Alison – son numéro de fixe. Il avait décroché et entendu quelque chose qui ressemblait à sa voix. Mais ce n’était pas elle. Il se souvenait d’une jeune fille pleine d’entrain et d’optimisme, toujours rieuse ; or la voix au téléphone était monocorde, froide. Aide-moi. Aucune peur perceptible. C’était plutôt comme si, recroquevillée dans le coin d’une pièce vide, elle susurrait des mots pour conjurer les fantômes, en sachant que personne au monde de l’entendrait. »