Sire Cédric, L'enfant des cimetières
Lorsque sa collègue Aurore l'appelle en pleine nuit pour couvrir avec elle un meurtre atroce, David, photographe de presse, se rend sur les lieux du drame. Un fossoyeur pris d'une folie hallucinatoire vient de massacrer sa femme et ses enfants avec un fusil à pompe, avant de se donner la mort. Le lendemain, un adolescent, se croyant poursuivi par des ombres, menace de son arme les patients d'un hôpital et tue Kristel, la compagne de David. Mais qui est à l'origine de cette épidémie meurtrière? Est-ce un homme ou un démon? Le journaliste, qui n'a plus rien à perdre, va se lancer à la poursuite de Nathaniel, l'enfant des cimetières, jusqu'aux confins de l'inimaginable... Thriller gothique époustouflant, L'Enfant des cimetières est servi par une écriture nerveuse terriblement évocatrice qui laisse le lecteur hypnotisé par l'horreur. Attention, si vous commencez ce livre, vous ne pourrez plus le lâcher!
On peut y être complètement insensible, mais j’avoue que la quatrième de couverture m’a beaucoup intriguée et m’a envie de découvrir ce roman, et par la même occasion, son auteur, Sire Cédric. Ainsi, quand Livraddict a proposé un partenariat avec les Editions Le Pré aux Clercs, je n’ai pas pu résister, d’autant plus qu’Excalibur, du même éditeur, avait su me séduire il y a quelques semaines. J’en profite pour remercier les administrateurs et modérateurs de Livraddict qui nous proposent des lectures extrêmement variées et nous permettent chaque semaine de belles découvertes. Quant aux Editions Le Pré aux Clercs, je les remercie une seconde fois pour la confiance qu’ils accordent aux modestes blogueurs que nous sommes.
Venons-en à L’enfant des cimetières. Le roman s’ouvre sur un prologue d’inspiration gothique, dans lequel nous assistons à l’arrivée sur Terre de Naemah. Venue tout droit des Enfers, elle cherche de la compagnie et c’est au beau milieu d’un cimetière qu’elle va en trouver. Très vite, les cadavres reviennent à la vie et le lecteur assiste alors à une sorte d’accouplement généralisé des habitants du cimetière avec Naemah. J’ai bien conscience que ma manière de présenter les choses ne va pas vous pousser vers ce roman, pourtant je l’ai beaucoup aimé : je l’ai lu très rapidement et j’ai passé quelques soirées à tourner frénétiquement les pages, sans pouvoir m’arrêter. Pourtant, et c’est vraiment le gros point négatif, je n’ai pas du tout adhéré à certains passages. Le prologue en fait partie. Voici deux extraits afin que vous compreniez plus aisément où je veux en venir : « Son sexe brûle comme un soleil liquide, ses hanches se soulèvent pour venir à la rencontre des bouches, des mains. Des membres masculins miraculeusement revenus à la vie glissent en elle, dans sa matrice de lave et de lumière, aussi bien qu’entre ses fesses, dans le siège de l’immondice et du plaisir. » Et plus loin : « Des mains d’ombres se dessinent sur ses cuisses, s’insinuent entre ses fesses, empoignent son sexe dressé, pour le caresser plus délicatement encore. Des bouches noires embrassent son ventre avec tendresse, tandis que des langues éthérées s’activent en mille caresses sur son membre en érection. Il renverse la tête en arrière et éjacule en souriant, les jets de sa semence avidement avalés par la masse de noirceur. » Je m’arrête là. Ces descriptions « poético-érotico-morbides » (appelez ça comme vous voulez) ne m’ont même pas laissée de marbre, elles m’ont dégoûtée ! Heureusement, tout le roman n’est pas constitué de descriptions de ce genre car ces passages m’ont vraiment dérangée, je les ai trouvés malsains, et honnêtement, je m’en serais bien passée ! Je me suis donc demandé, dès le prologue, pourquoi j’avais eu l’idée de choisir ce roman ! Mais comme je vous le disais, c’est vraiment le seul point négatif (avec peut-être les histoires de magie qui m’ont laissée un peu perplexe…). L’histoire, vraiment bien menée, ne souffre d’aucun temps mort. Elle débute dans un cimetière à 1h15 du matin, quand David Ormeval, photographe de presse, est appelé sur les lieux d’un crime absolument abominable : un homme, Raymond Mendez, soumis depuis quelque temps à des migraines et des délires hallucinatoires, vient de tuer sa femme et ses enfants avant de se donner la mort. D’autres morts vont suivre, toutes aussi terribles et toutes liées à un adolescent albinos, « l’enfant des cimetières ». David Ormenal, touché de près par la tragédie, va mener l’enquête avec sa collègue et amie journaliste, Aurore. En parallèle, c’est le flic Alexandre Vauvert qui tente d’expliquer ces morts déguisées en suicides. C’est, à mon avis, le personnage le plus intéressant du roman, un personnage très terre à terre qui va, peu à peu, comprendre que l’inconcevable existe.
Si vous aimez : frissonner, les légendes urbaines, la magie et si vous n’avez pas peur : du sang, des cimetières, de la folie, alors ce roman est peut-être fait pour vous. Je n’irai pas jusqu’à vous le conseiller car il est si particulier qu’il peut aisément ne pas plaire. Cela a été pour moi une bonne lecture, sans temps mort, mais je ne suis pas sûre que ce roman m’ait donné envie de découvrir d’autres romans de Sire Cédric car je crains que son univers ne me convienne pas vraiment. Ce qui est sûr, c’est que l’auteur sait mettre son lecteur mal à l’aise…
L’œuvre en quelques mots…
« Il se tortilla dans son fauteuil. Son cœur cognait dans sa poitrine, assourdissant. Cet homme avait perdu l’esprit. C’était la seule explication possible. Et quoi qu’il en soit, ce n’était pas du tout ce à quoi il s’était attendu.
Il était venu pour mieux comprendre la situation…
Pour mieux l’accepter…
Voilà qu’il se retrouvait avec des réponses, mais qui n’étaient que de nouvelles questions. Des questions encore plus folles.
Il dévisagea le policier. Ses yeux cernés par le manque de sommeil. Ses lèvres gercées. Ses bras lacérés. Cet homme était-il déprimé au point de s’automutiler ? Ou l’obscurité l’avait-elle bien attaqué, comme il le prétendait ? Comme dans ses propres angoisses nocturnes ?
Non, c’était idiot. Les revenants, ça n’existait pas. Ça ne pouvait pas exister. »