Romain Sardou, Sauver Noël
Londres, hiver 1854. Gloria Pickwick, gouvernante d'un respectable lord, considère d'un œil très suspicieux l'arrivée de leur nouveau voisin. Qui est vraiment cet étrange baron Ahriman ? Mille rumeurs courent à son sujet. Parfais, une diligence conduit des gens chez lui... et on ne les revoit jamais ! Arrive le 24 décembre. Tous les enfants se couchent en rêvant au lendemain. Mais le Père Noël ne vient pas. Aucun cadeau au pied des sapins illuminés. Une maison, et une seule, fait la fête ce jour-là... Celle du sinistre baron. C'en est trop pour Gloria, qui prend l'affaire en main. Harold, un petit garçon futé, s'engage à ses côtés, avec des renforts insolites : des lutins, une fée, des oies douées de parole. L'objectif de cette drôle de troupe : sauver Noël ! Si c'est encore possible...
Sauver Noël m’a été offert par Stephie lors du swap de Noël. Nous publions toutes les deux, aujourd’hui, notre avis sur ce conte car nous en avons fait une lecture commune. Stephie a été plus matinale que moi, mais il n’est que 20h30 donc je suis encore dans les temps !
Stephie, MERCI ! Je découvre Romain Sardou grâce à toi et je peux t’assurer que j’ai passé un excellent moment ! Je recommande vivement Sauver Noël à tous ceux qui aiment la poésie, qui n’ont pas peur des lutins et qui aiment rire. Et tant pis si Noël est passé !
J’ai adoré suivre les aventures de Gloria Pickwick, une gouvernante anglaise de 40 ans, un peu rondouillarde et qui n’a pas la langue dans sa poche ! Elle se moque bien de passer pour « une timbrée de premier choix » et n’hésite pas à défier le terrible baron Ahriman qui a décidé de priver tous les enfants de Noël. Nous sommes en 1854. Anges et démons, ceux-là mêmes qui côtoyaient les humains jadis, avaient passé un pacte et ne devaient plus intervenir sur Terre. Oui, mais voilà : un an plus tôt, le Père Noël (vous devinez de quel côté il se range) a fait son apparition. Le pacte a été brisé et les démons se rebellent, pour le plus grand malheur des enfants. C’est alors que le lecteur est invité à suivre le périple extraordinaire d’une anglaise déterminée, d’un enfant et de deux elfes, à travers l’Irlande. Les scènes cocasses se multiplient, des images savoureuses agrémentent le récit, des allusions très drôles vous donneront le sourire aux lèvres : « - […] Peut-être que toute cette histoire est écrite ? /- Oui… Alors, espérons que le rédacteur sache où il va. » Tout m’a plu dans Sauver Noël : l’histoire, bien sûr, mais aussi (et surtout ?) le talent du conteur qu’est Romain Sardou et j’avoue que je ne m’attendais pas du tout à cela. Il a une manière très particulière de raconter son histoire qui fait que le lecteur se sent réellement partie prenante. De fréquents appels aux lecteurs parcourent en effet l’œuvre : « Cher lecteur, considère-toi comme privilégié, tu vas assister par la grâce du conte à ce que nos personnages eux-mêmes ne pourront pas voir !... » Enfin, faut-il parler des titres des chapitres pour achever de vous convaincre ? Ils sont, eux aussi, extraordinaires. Prenons par exemple le chapitre 2 : « Qui sera assez court, et pourra paraitre de peu d’importance ici, mais qu’il faut lire néanmoins, parce qu’il complète le précédent et sert à l’intelligence d’un chapitre qu’on trouvera en son lieu. » Ou encore le chapitre 8 : « Où il est indubitablement démontré que le jour où Dieu résolut de créer la femme, il eut d’abord une excellente idée et, ensuite, confirma qu’il avait beaucoup de goût (mais, au vrai, on n’en attendait pas moins de Lui). » L'auteur n'a-t-il pas, lui aussi, beaucoup de goût ?
Un conseil : ne vous fiez à la couverture qui est particulièrement horrible ! Elle dissimule un conte comme on en lit peu et qui vaut vraiment le détour !
L’œuvre en quelques mots…
« Gloria Pickwick ?
Ami lecteur, si j’étais en ce moment face à toi et non devant ma triste feuille blanche (qui ne réagit jamais à mes emportements, quels qu’ils soient !), je m’empresserais de bondir, d’écarter les bras et de donner de la voix pour souligner l’importance du personnage qui vient à toi. Ce serait un brin cabotin, soit, mais comme souvent dans la comédie, un excès de zèle et de transport ne saurait nuire. »